Chelsea Wolfe
Pain Is Beauty
- Sargent House
- 2013
- 55 minutes
Au début du mois septembre dernier, l’auteure-compositrice-interprète Chelsea Wolfe, originaire de Sacramento, Californie, mettait sur le marché son quatrième album en quatre ans titré Pain Is Beauty. L’artiste présente une musique astucieuse et singulière, alliant des éléments sonores issus du folk, animés par des rythmiques martiales et des synthétiseurs aériens, couronnés par une voix noyée dans la réverbération. La dame cite des influences aussi diverses que le folk scandinave ainsi que le black métal norvégien!
Ce Pain Is Beauty est une réussite et vient dissiper hors de tout doute les incertitudes concernant le talent et la constance de cette créatrice hors norme. Elle nous fait cadeau d’une conception sonore aux ambitions gothiques assumées, colorée par une authentique résignation romantique ainsi que d’une majestueuse mélancolie.
Des mélodies éthérées parfois insolites, des rythmes tribaux fortement teintés d’un ascendant métal/industriel, des guitares folk, des synthétiseurs ambiants judicieusement disposés dans le mix, des références gothiques qui ne tapent jamais sur les nerfs, des paysages sonores oniriques, mais saisissables, voilà ce qui constitue la recette musicale éclectique proposée par Chelsea Wolfe. Pour vous aider à y voir clair, c’est comme si PJ Harvey, Julianna Barwick, Anna Calvi et Julia Holter s’acoquinaient ensemble afin d’élaborer une œuvre musicale.
Chelsea Wolfe (qui a déjà assurée la première partie de Swans en tournée) réussit à malaxer toutes ses influences afin d’en faire une oeuvre cauchemardesque, prenante, ravissante et honnête. Souvent perçue comme étant une «maîtresse des ténèbres», Wolfe se situe bien au-dessus de ce titre quelque peu réducteur; c’est une compositrice douée, audacieuse, qui trace son propre chemin avec une grande assurance. Pain Is Beauty est un disque diversifié qui peu donner l’impression de tirer dans tous les sens, mais l’approche mélodique de Wolfe resserre fermement le tout.
De superbes morceaux funestes et ensorcelants, ce Pain Is Beauty en contient plus d’un: la menaçante Feral Love, la lourde We Hit A Wall, la très PJ Harvey nommée Destruction Makes The World Burn Brighter ainsi que l’étrange Sick. Ça se conclut dans la consécration avec trois grandes chansons dramatiques: la magnifique They’ll Clap When You’re Gone, la prenante The Waves Have Come et la dépouillée Lone. Stupéfiant!
Voilà une parution que vous verrez assurément apparaître dans plusieurs listes répertoriant les meilleurs crus de 2013. Avec ce Pain Is Beauty, Chelsea Wolfe solidifie sa réputation d’artiste pertinente, prend du galon et se hisse aisément aux côtés des grandes pointures énumérées précédemment… et ce n’est qu’un commencement pour cette architecte sonore qui devrait se positionner avec éloquence dans le paysage musical pour un bon bout de temps!
Ma note : 8/10
Chelsea Wolfe
Pain Is Beauty
Sargent House
55 minutes
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