Champion
°1
- Bonsound
- 2013
- 66 minutes
Maxime Morin, mieux connu sous le nom de DJ Champion, arrive cette semaine avec son troisième album studio qui fait suite à Resistance paru en 2009. Si bien des choses peuvent se passer entre deux créations, certainement que Morin lui en a constaté l’ampleur. Voilà sa première offrande depuis qu’il s’est remis d’une leucémie qu’il a combattue en 2010. Évidemment, une expérience aussi marquante laisse des traces et on sent autant l’artiste que l’individu a changé.
°1, déjà par son titre, constitue une affirmation d’authenticité sentie. Dès la première note de l’opus, celle d’un piano très solennel qui fait sentir que ce ne sera pas ce à quoi Morin nous a habitués. Puis les cordes viennent s’en mêler de même que les cuivres et l’on se rend compte rapidement que les instruments traditionnels seront très présents. Peut-être est-ce là une belle analogie avec la rémission? Un moment où la vie prend un nouveau sens. La beauté extrême de cette première piste, 40#@%&!, laisse difficilement indifférent, comme si l’électro avait laissé une certaine place à ces orchestrations organiques et de cette mélancolie musicale naît une certaine lumière.
La deuxième piste confirme ce qui s’annonçait avec la première, mais avec un retour de l’électro et la voix de Pierre-Philippe Côté qui habite avec adresse cet hybride de rythmes électro et de cordes. On retrouve tout de même le Champion que l’on connaissait avec Every New Now où Fab de Random Recipe vient rapper sur un loop de guitare et un ensemble de cordes. On peut noter aussi l’immense Half A Mile qui fait sérieusement penser à une chanson de générique d’ouverture d’un film de James Bond avec sa mélodie intoxicante, ses cuivres chauds et sa guitare qui fait résonner ses notes avec éclat. Le premier simple, No Love Enough vient captiver avec ses rythmes cadencés et sa mélodie entraînante. Les quatre dernières pièces surprennent et se différencient de l’ensemble. °356 – Ain’t Got a Friend in Town est triste à souhait et les trois degrés subséquents sont tout aussi hétéroclites. C’est loin d’être inintéressant!
De l’ensemble se dégage une maturité nouvelle pour le compositeur qui a su changer l’épreuve vécue en matière et la noirceur en lumière, car malgré la mélancolie omniprésente sur l’album, on perçoit une catharsis, celle d’un homme qui a fait face à la leucémie et qui a eu gain de cause sur elle. Les fans de Champion trouveront peut-être difficile à digérer l’omniprésence des instruments orchestraux, ceci étant dit, les amoureux de musique y trouveront toute une nouvelle palette sonore. Un disque auquel vous devez donner sa chance, car Morin s’est surpassé et bien que Chill ‘Em All était aussi un album marquant, °1 est un tour de force audacieux et authentique.
Ma note : 8.5/10
Champion
°1
Bonsound
66 minutes