Buke And Gase
General Dome
- Brassland
- 2013
- 43 minutes
Depuis que Buke And Gase a lancé Riposte en 2010, j’attends impatiemment que le duo new-yorkais devienne des superstars. Clairement, tout le monde allait écouter leur musique en boucle d’ici quelques mois, c’était inévitable. Il y avait trop d’ingrédients en place: la voix superbe d’Arone Dyer, de l’inventivité à revendre dans les mélodies, des polyrythmes kaléidoscopiques, une énergie irrépréssible et contagieuse…
Malgré tout, le succès de Buke And Gase reste marginal. L’incongruité du groupe y est sûrement pour quelque chose. La chanteuse Arone joue un ukulélé baryton électrifié (le “buke”), le guitariste Aron Sanchez joue d’un instrument hybride basse-guitare (le “gase”), et tous deux jouent diverses percussions avec leurs pieds. Se limiter ainsi à un duo aux instruments si singuliers donne l’impression à tort d’avoir affaire à une simple curiosité musicale tout en artifice et sans profondeur.
General Dome va-t-il soudainement rendre Buke And Gase célèbre? C’est peu probable, mais ce n’est pas parce que le duo a perdu ce qui a fait sa force. Dyer a encore plus d’assurance avec sa voix et les arrangements sont aussi riches et imprévisibles que toujours. Les rythmes s’imbriquent les uns dans les autres avec un enthousiasme tribal, et les riffs asymétriques s’empilent les uns sur les autres, ficelés par les mélodies vocales de Dyer, pour créer des superbes petits casse-têtes musicaux.
Les messages codés ont d’ailleurs inspiré la pochette de l’album, qui présente une phrase dans un alphabet secret créé par le duo. C’est une image qui décrit parfaitement l’approche musicale de son contenu. Pour l’auditeur qui a une affinité avec la musique progressive et astucieuse, il y a de magnifiques trésors à découvrir. Pensez à King Crimson, soustrayez la grandiloquence et additionnez une esthétique DIY dans la lignée du punk hardcore américain, et vous commencez à avoir une idée.
La réalisation est de toute évidence faite avec des moyens modestes, mais elle est claire et inventive. Même l’auto-tune fait une petite apparition, mais pas comme on l’entend habituellement. Cette réalisation sert bien la tension présente sur l’album, une tension qui bouillonnait sur Riposte, mais qui frémit à la surface sur General Dome. Buke And Gase s’est imposé des contraintes strictes, mais démontre que ces contraintes le forcent à redoubler d’inventivité. Convaincant.
Ma note: 8/10
Buke and Gase
General Dome
Brassland
43 minutes
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