Alaclair Ensemble
Toute est impossible
- Indépendant
- 2014
- 54 minutes
L’ovni post-rigodonné d’Alaclair Ensemble frappe une fois de plus. Un peu plus tôt cette année, la bande à Robert Nelson avait lancé le projet 2015: Deep Web; une chasse au trésor pour initiés sur le site web du groupe. À travers cette quête, on pouvait entre autres tomber sur Chien, pièce qui se retrouve sur Toute est impossible. Voici qu’à deux semaines de la sortie officielle de leur nouvel album, la «gang de chums» fait encore des siennes.
Le nouvel album aurait été piraté par des mécréants suédois qui auraient ensuite mis la galette à la disposition de tous. Mais attention! Il y a une complication. Fidèles à l’Ikea vivant en eux, les pirates t’offrent la piste vocale et la trame musicale séparée ainsi que le programme qui permet de les assembler. Derrière la comédie que nous offrent les babouins d’Alaclair, on retrouve surtout un stratagème judicieux qui facilite les remixes.
La preuve ne s’est pas fait attendre alors que l’artiste multidisciplinaire de Québec Sam Murdock a fait paraître dans la même semaine un collage de Toute est impossible + les Beastie Boys. Le résultat n’est pas des plus extraordinaires, mais tout de même il y a quelques bons coups sur ce premier dérivé, mais revenons à l’album principal.
Alaclair Ensemble, fidèle à son habitude, nous propose un nouvel album de qualité où l’on ressent une influence grandissante du rap américain contemporain. Cet ascendant est particulièrement présent sur les premières pièces, comme Dough Large, avec son échantillonnage bien fignolé et ses rimes qui ne se font pas attendre. On voit aussi une influence de Danny Brown sur Les Gnomes alors qu’une atmosphère de cirque infernal prend le dessus. Les liens avec la pièce Gremlins sur Old sont faciles à tisser sans jamais qu’on ait l’impression qu’on assiste à un vulgaire pastiche.
Et que serait un album d’Alaclair sans une bonne dose d’humour? La troupe offre leur Beth. Oui, à la manière des maquillés de Kiss, le groupe nous offre Calinour, une pièce qui rime en «our» et qui multiplie les vers creux sur un piano dégoulinant de quétainerie. Parmi les moments les plus délicieux, on note:
«La vie c’est court, mais c’est encore plus court quand faut qu’tu cours.
On a des choix à choisir dans le parcours
Et je serai toujours là pour te plaire, fidèle à l’amour
Comme un Calinour
Pour toujours.»
Oui. C’est beau. La différence avec le groupe de Détroit est qu’Alaclair ne se prend pas au sérieux. Heureusement. Dans la même veine, on retrouve 3 points, le premier extrait, où sur une trame inquiétante la troupe parle de basketball à la manière d’un règlement de compte. Du côté des pièces plus rythmées, on note l’excellente STM ligne mauve part 1 qui donne envie de se brasser le popotin.
Enfin, après Vieux Knowl, Ogden y va d’un moment à la Kanye West où il se frustre sur la trop grande place du plaisir dans le travail et qui finit en disant que chaque miette de pain qu’Alaclair a créée, le collectif l’a travaillé. Sous cette harangue comique, se trouve quand même une vérité. On peut taxer la bande de bien des étiquettes dont celle de «poteux», mais rares sont les groupes qui travaille aussi fort et qui recherche constamment de nouveaux moyens de faire et diffuser de la musique.
Une digne suite à Les maigres blancs d’Amérique du Nord, Toute est impossible représente une autre bonne sortie de la troupe de post-rigodon. Les Kenlo, Ogden, Maybe Watson et Eman prouvent avec cette création qu’ils sont loin d’avoir fini de nous ravir les oreilles.
Ma note: 8/10
Alaclair Ensemble
Toute est impossible
Indépendant
54 minutes
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