C’est terminé le fun
— Terminé le fun

Il y a quelque chose de libérateur à cette époque de crise climatique qui s’enfonce où les gouvernements redoublent d’efforts pour éviter de poser des gestes concrets pour rectifier le tir, de grèves qui s’accumulent face au poids pesant des iniquités qui se creusent, d’entendre Guillaume Beauregard et Marie-Ève Roy chanter en unisson que quelque chose est en train de craquer. Sur Terminé le fun, le groupe met la table pour son album le plus combatif depuis Compter les corps.

Enfin c’est la fin notre étoile est morte
Rêvons ce temps où la folie avorte
La fin du drame et la fin d’une époque
Enfin l’industrie culturelle est morte
— Om mani padme um

Sur la suivante, c’est la fête devant les cendres d’une manière de penser notre société. On peut dire que Vulgaires Machins est en pleine forme. Si Disruption, paru en 2022, avait laissé une grande place à la désillusion, Contempler l’abîme revient avec une bonne dose de hargne et de combativité­. Dans une entrevue avec Philippe Renaud dans Le Devoir, Guillaume Beauregard a dit : « Moi, mon coup de pelle dans la face, c’est Alain Deneault qui me l’a donné ». Ben on remercie Deneault, éternel révolté face aux iniquités, de continuer de dispenser les coups de pelle dans face. Le résultat est absolument convaincant.

La hargne est particulièrement sur L’effondrement qui vient qui compte sur l’apport de J. Kyll où Marie-Ève Roy chante un excellent refrain avec une bonne dose d’ironie. Comme si elle nous jugeait pour nous réveiller à la manière de : « vous êtes pas écœurés de mourir bande de caves! C’est assez! » de Claude Péloquin.

Si le groupe nous invite à Se jeter à l’eau, c’est d’abord parce qu’il espère que nous allons Libérer la foudre. Si la hargne est revenue, Vulgaires Machins semble ne pas avoir abandonné et souhaite encore que le monde se réapproprie sa société pour changer les choses. Ce n’est pas par hasard qu’il arrive avec sa pièce la plus punk de l’album par la suite avec la brûlante Faire Sécession.

Musicalement, Vulgaires Machins continue d’offrir des trames bien construites qui s’inspirent autant du rock que du punk rock et de miser sur des mélodies puissantes. Tout le groupe paraît bien sur l’album. Marie-Ève Roy et Guillaume Beauregard sont deux excellents mélodistes et le démontre à nouveau sur Contempler l’abîme. C’est réussi sur toute la ligne.