Michel Rivard
Après on va où?
- La maison fauve
- 2025
- 49 minutes
Michel Rivard, toujours aussi snoreau, pose cette question qui peut prendre bien des sens. Celui métaphysique, la grande question de la vie après la mort. Mais c’est aussi la banalité de l’endroit où on va manger après une pièce de théâtre, ou encore après la fin d’une étape, qu’est-ce qui sera le prochain défi. Comme société, c’est aussi à travers les grands scandales, les déchirements et les remises en question : où est-ce qu’on s’en va comme société. Et toutes ces interprétations sont touchées d’une manière ou d’une autre sur l’excellent nouvel album de Michel Rivard.
Avec 50 ans de carrière derrière la cravate, Michel Rivard aurait toutes les raisons du monde d’être paresseux. Et c’est tout le contraire qu’il démontre avec Après on va où?. Ici, il prend la voix de la musique orchestrée pour donner une nouvelle couleur à des chansons qui traite de sujets qu’on lui connait : l’amour de jeunesse qui n’a pas été vécu sur Oublier Joanne et Désirée. Le fringant jeune homme n’est jamais vraiment loin, même à son âge vénérable. Sur cette dernière, on se fait aussi happer par la mélodie efficace et les arrangements absolument sublimes menés par l’accordéon de Luzio Altobelli.
François Richard, qui a assuré la réalisation, y est pour quelque chose. Celui qui est issu du monde du jazz sort ici de sa zone de confort pour habiller les pièces de Michel Rivard avec des orchestrations bien balancées qui magnifient toujours les paroles et les mélodies de sa guitare. Magnolia Magnolia, l’un des premiers extraits à paraître de l’album, nous préparait à ce qu’on allait recevoir. La pièce qui parle de l’arbre près de la maison de Michel Rivard qui fleurit une douzaine de jours par année sert de métaphore alors que Michel Rivard se questionne sur sa vie. Car comme l’arbre, Michel Rivard brille par moment, mais dans le quotidien reste quelqu’un de très humble, encore très curieux, comme le prouvent les photos qu’il a prises et qu’on retrouve dans le livret de l’album.
Encore une fois sur celle-ci, les arrangements sont magnifiques. Notamment le chœur de voix composé de Lana Carbonneau, Claude Vallières et Audrey-Michèle Simard. Cette dernière est aussi là pour La fabrication des fleurs sauvages alors que sa voix vient caresser celle de Michel Rivard au refrain. C’est une pièce douce et très belle.
Il y a d’autres bons coups sur Après on va où? comme À l’ombre dans le désert qui compte une fois de plus sur un chœur puissant pour ponctuer l’arrivée du refrain, ce qui donne l’impression que la chanson devient deux fois plus grandes portées par les orchestrations. La pièce traite de chercher un moment de calme, un espace de zénitude quand la vie virevolte dans tous les sens.
Michel Rivard termine le tout avec la chanson-titre qui aborde la fin de la vie. Il le fait avec autant de grâce que Leonard Cohen et son You Want it Darker. Et malgré tout, à l’écoute de la pièce, je ne peux m’empêcher de me dire : j’espère que ce n’est pas tout de suite la fin, monsieur Rivard, parce que vous l’avez encore.
C’est un solide album que Michel Rivard dépose ici. Si ce n’est peut-être pas aussi aventureux que ses grands albums des années 80, on y retrouve tout de même beaucoup de beauté. Une simplicité qui est magnifiée par les orchestrations et la réalisation.