Oklou au Théâtre Beanfield le 15 octobre 2025
Initialement prévu au Studio TD, le concert de la Française Oklou s’est déplacé au Beanfield/feu-Corona, possiblement en raison de l’engouement que l’artiste suscite auprès des jeunes. Mercredi soir, une foule bondée d’adeptes dans la fleur de l’âge ont chaleureusement accueilli la vedette de Poitiers en sol montréalais.
Photos par Coline Beulin
Dans un savant mélange de français et d’anglais, la nouvelle reine de la pop française a précisé d’emblée que c’était son second passage dans la métropole et qu’elle avait beaucoup apprécié son premier séjour. Le public attentif l’a immédiatement fait ressentir à la maison avec ses acclamations puissantes.

umru
Mais avant toute chose, c’est le DJ et producteur new-yorkais umru qui est venu se poster derrière les platines, lampe frontale au front, afin de réchauffer un public fébrile et déjà nombreux. L’Estonien d’origine a offert un set garni de moments forts et moins forts, entrainant la foule dans des moments dansants et euphorisants…une chanson sur trois. Ses créations et ses remix hyperpop et maximalistes ont fait réagir la foule, principalement à la fin, alors qu’il a fait grimper le BPM pour préparer les spectateurs à la suite.
La scénographie simple lui a toutefois bien servi. Les jets de lumière accompagnaient judicieusement ses extraits et, avec son énergie attachante, Umru Rothenberg a su nous laisser sur une note plus douce qu’amère.

Oklou
Une quinzaine de minutes plus tard, Oklou, de son vrai nom Marylou Mayniel, est arrivée sur une scène sobrement décorée, ornée d’un immense drap translucide et plongée dans une obscurité qui nous accompagnera jusqu’à la fin. Petite pensée à notre photographe maison Coline d’ailleurs.
Flanquée du producteur canadien Casey MQ, Oklou est apparue sur scène au son de la mélodie attachante de ict, chanson avec laquelle l’artiste conclura également son concert. Les choses se sont mises en marche, alors que la chanteuse et musicienne de formation a empoigné sa flûte à bec (oui oui) pour nous convié dans son univers suspendu, éthéré, baroque et mélodieux.
En ville pour présenter les chansons du très populaire album choke enough paru cette année, Mayniel a arpenté son projet de long en large hier. Avec sa décharge Y2K, hyperpop et ambient expérimentale, son projet a su offrir des moments cathartiques retentissants et d’autres un peu plus délébiles. C’est d’ailleurs le constat que je me faisais après le premier tiers du concert. Des chansons moins marquantes de l’album se sont succédé, avec un AutoTune impliqué et des moments plus drabes lors desquels Oklou joue au clavier, assise en tailleur, dans un coin de la scène trop grande. Même l’habile danseur et contorsionniste Arthur, sur sa balançoire, ne nous offre pas les émotions fortes attendues, et l’exaltation ressentie ne correspond pas aux innombrables téléphones portables brandis très haut dans la foule.

Heureusement, la performance de la Française se ressert et gagne en rythme au moment où les premières notes de take me by the hand, agréable collaboration avec Bladee, retentissent. On sent alors que la foule s’active également et cette énergie sera encapsulée jusqu’à la fin. Fidèle à l’esthétique edgy et sombre de la musicienne, des projections glauques et mystérieuses sont projetées sur le grand drap, ajoutant un côté onirique agréable à la performance. Le tout prend une nouvelle ampleur lorsque les premières notes aguicheuses d’harvest sky résonnent. Ce morceau né d’un échange avec la productrice américaine underscores est un véritable hymne club des années 2000 et a su décroché les meilleurs dance moves aux spectateurs en liesse. C’est ici aussi qu’Oklou nous en a le plus donné, en voix et en énergie, elle qui démontre sur scène moins de dynamisme qu’on pourrait le penser.
Oklou (prononcé Okay-Lou d’ailleurs), nous entraine jusqu’à la fin du concert avec des extraits réussis, comme god’s chariot et viscus, toute nouvelle chanson créée avec FKA Twigs et qui apparaîtra sur la version deluxe de choke enough le 30 octobre prochain. « Ce n’est pas si deluxurious que ça, ce n’est que quatre nouvelles chansons », blague-t-elle.
Ainsi, Oklou nous a offert un concert en deux temps, l’affaire d’une première partie légèrement fade et d’un regain d’énergie et de confiance à la mi-parcours. Chose certaine, elle rejoint une génération au cœur et ça paraissait au Beanfield mercredi soir. Avec raison: en énergie, ses chansons pop futuristes aux synthétiseurs et arpégiateurs enivrants nous enchantent. Hier, ce n’était simplement pas sur l’heure entière.














Crédit photo: Coline Beulin