Chroniques

Entrevue | Beat Sexü: au petit bonheur la chance

La bonne nouvelle du jour: pas plus tard que dans une semaine, nous aurons droit au troisième album de la talentueuse formation électropop de Québec-Cité, Beat Sexü. Après un court hiatus musical de leur côté, on a pris des nouvelles de Jean-Michel et de Jean-Étienne, les deux habiles créateurs derrière le groupe, et on a jasé de ce nouvel album, Dernière Chance, leur premier projet depuis 2021.

Il s’en est passé des choses entre 2020 et 2025 pour les amis et collègues derrière Beat Sexü. Les deux musiciens sont devenus parents, une pandémie mondiale a frappé, Jean-Étienne s’est fortement impliqué au Pantoum, à Québec, alors que Jean-Michel a mis les bouchées doubles auprès du label Disques Dure Vie. Les deux ont accumulé une multitude d’implications musicales variées, avec des collègues, au théâtre, ou encore avec des projets solos. En plus de ça, leur partenaire dans le groupe, Odile Marmet-Rochefort, a décidé de quitter le navire en 2021. Tout ça a entraîné une période de remise en question, une courte pause et une réorganisation naturelle des choses. 

Une nouvelle direction 

Après tous ces bouleversements, Jean Michel Letendre-Veilleux et Jean-Étienne Collin-Marcoux ont décidé de repenser la nature du projet, et le désir de recommencer à créer est venu en partie grâce à cette restructuration. « Dans le fond, nous, on veut encore en faire de la musique », se sont dit les deux amis. « Arrêtons de nous casser le cul et d’essayer d’incorporer plein de monde. On va faire ça ensemble. Je pense qu’à partir de là, ça a été vraiment plus facile de se voir, d’organiser des séances et de pitcher des idées », ajoute Jean-Michel, touchant au passage cette passe lors de laquelle plusieurs amis venaient offrir leurs services en tant qu’interprètes, sur le projet, mais qui, parfois, rendait les choses plus complexes. 

Pour ne pas passer à côté de ce désir de refaire de la musique ensemble, les deux hommes se sont fixé un deadline. Ainsi, ils se sont remis dans l’action rapidement et l’expérimentation et la spontanéité sont devenues des mots d’ordre. « On s’est un peu botté le cul », m’avouent les gars. « On ne voulait pas laisser mijoter ça trop longtemps et vraiment y aller de façon très spontanée. On a une idée, on la pitche, on le fait, on avance. » 

Et depuis, J-E et Jim ont retrouvé leur touche ensemble, et nous font dans une semaine le cadeau de Dernière chance, un troisième long projet qui fait suite à d’autres aux noms assez semblables. Attention, c’est facile de se tromper. 

Avec une nouvelle direction et une nouvelle structure, le son de Beat Sexü s’est également raffiné, me confie Jean-Étienne, qui porte le chapeau de réalisateur, de compositeur, de preneur de sons et de mixeur sur la galette. 

Beat Sexü 2.0

« Le projet, le son a beaucoup évolué en fonction de nous, le fait que nous nous soyons améliorés depuis. Je pense que ça sonne évidemment mieux. Il y a des choses qui vont plus loin, je pense, en termes d’idées et de production, que ce qu’on faisait à l’époque », explique J-E avec une touche de modestie. Le musicien fait aussi état du matériel mis à leur disposition qui a pris un step côté qualité, tout comme le studio au Pantoum, cette agora de création de Québec, qui s’est également embellie depuis. « Moi, je ne suis pas prêt à dire que je me suis amélioré comme ça avec le temps, par exemple. J’en ai plus perdu que gagné », commente Jean-Michel en rigolant. Ce dernier ajoute, toutefois, que ce qu’il le « drive », c’est la confiance dans la vision des choses et le laisser-aller auquel les deux s’agrippent. 

N’allons pas penser que le duo renie l’esthétique de ses anciens projets pour autant. Les gars me parlent notamment des arrangements simples et minimaux drum-basse-voix-accompagnement du dernier EP Deuxième chance, plongeant dans ce désir de créer quelque chose d’assez « easy listening ». J-E se remémore aussi la création plus DIY (do it yourself) des vieux albums et de leurs chansons qui étaient souvent créées de manières différentes au sein du même projet. Beat Sexü s’inspire encore aujourd’hui de ses façons de faire, de cette liberté à la table à dessin, mais avec des bases musicales plus poussées et des moyens supplémentaires. 

Dernière chance est également devenu une façon pour Jim et J-E de se pencher sur des amours musicaux, des inspirations inexplorées dans le passé, qu’elles soient électros, hip-hop ou encore post-punk. « Les deux ont est quand même des gros fans de musique électronique, de French touch, tout ce qui est comme début des années 2000, comme Caribou et Boards of Canada par exemple », me confie J-E. « On voulait revenir un petit peu vers ça, c’est quelque chose qu’on a quand même moins couvert par le passé, ou du moins qu’on n’avait pas les outils pour être capables de faire. Je pense qu’on essayait de le faire sur les autres albums, mais on n’était pas assez bons », complète-t-il. 

Puis, les gars rassurent les plus anxieux d’entre nous: malgré quelques nouvelles avenues explorées, les adeptes de première heure de Beat Sexü ne seront pas déstabilisés pour autant à l’écoute du disque. « C’est sûr que ça reste du Beat Sexü. Je pense que c’est très groovy, les sons sont quand même très colorés, c’est très orienté vers la section rythmique avec des mélodies quand même accrocheuses et simples. C’est d’ailleurs exactement ce qu’on découvre à l’écoute des premiers extraits Ritoutou et Catché de quoi, les deux premiers titres sur l’album, qui se déploient au son d’instrumentations chaudes, dansantes et avec ce côté ludique fidèle au groupe. 

Pas d’inquiétude

Jean Michel Letendre-Veilleux et Jean-Étienne Collin-Marcoux me rassurent à nouveau: Dernière chance, le titre de l’album, n’est pas évocateur du futur de la formation. Après Première fois, Deuxième fois et Deuxième chance, les gars poursuivent avec un titrage similaire et trouvaient ça drôle de nous mêler encore plus. Plus sérieusement, l’idée de Dernière chance part du fait que les gars ne croient pas trop en ça comme concept. « Ensemble, il n’y aura jamais de dernière chance », entonne J-E sur la délicieuse dernière chanson du disque, signifiant qu’avec l’exploration, la passion et la liberté de création, de nouvelles opportunités se présenteront, et que le contexte de « dernière chance » prendra le bord assez vite.

Dernière chance sera disponible le 10 octobre prochain et un lancement d’album est prévu à l’Esco, le 8 novembre prochain, dans le cadre du CCF!

*Cet article a été rédigé en collaboration avec Disques Dure Vie.

Crédit photo: Laura Bergeron

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