POP Montréal 2025 | Unessential Oils + Rémi Gauvin
Pour certains, dimanche soir aura été un énième rendez-vous avec Guy A., alors que d’autres retrouvaient la gang bronzée d’OD sous le soleil chypriote. De mon bord, c’est dans l’obscurité de la Sala Rossa qui j’ai passé ma soirée dominicale et vous dire que je n’ai pas regretté mon choix serait un euphémisme. Retour sur cette soirée: une brèche temporelle qui a conclu POP Montréal 2025 de la plus belle des façons.
C’est un programme double qui m’attendait, dimanche, lors de cette finale remarquable de POP Montréal 2025.
Rémi Gauvin
La Sala Rossa s’est fait une beauté dimanche soir à l’occasion du concert de Unessential Oils. À notre arrivée, on comprend rapidement que la prestation se fera sur 360 degrés, alors que tous les instruments sont déposés au centre de la pièce, entourés de boites faisant office de bancs et de quelques convives déjà en tailleur et éparpillés un peu partout dans l’espace.
Cependant, avant que le lieu convie ses musiciens, c’est un certain Rémi Gauvin qui allait assurer le premier acte. Celui que le connait comme étant le meneur de la populaire formation comment debord, est débarqué seule avec ses guitares sur la scène de fortune. Pour une première fois, le sympathique musicien allait offrir une performance solo, nous faisant ainsi découvrir son univers folk et acoustique intime. Le temps de quatre chansons seulement, Gauvin a offert un moment tout en douceur, bénéficiant de l’écoute respectueuse d’une foule qui a récolté plusieurs compliments pendant la soirée.
Proposant des mélodies simples au son des notes dépouillées de ses guitares, Gauvin ne nous a pas trop déstabilisés avec sa poésie débonnaire s’apparentant à celle que l’on peut retrouver parfois au sein de chansons plus calmes de son groupe. Il nous a parlé, à sa sauce, d’amour, de relations, de beaux espaces et d’autres délicatesses de la sorte.
Légèrement stressé, le chanteur ne s’est pas trop attardé et a tiré habilement sa révérence après avoir cassé ses pièces, soulignant par le fait même ne pas trop vouloir faire languir un certain Patrick Lagacé, peut-être tapi dans un coin sombre de la salle, maudissant la première partie.
Avec sincérité, Rémi Gauvin a ouvert cette brèche temporelle habilement, et la foule grandissante était maintenant prête à y plonger entièrement.
Unessential Oils
Une belle énergie régnait dans l’enceinte de la Sala Rossa dans l’attente de voir Warren Spicer et son projet Unessential Oils. Après un bref entracte, le chanteur de Plant and Animals est débarqué au centre de la salle avec la grande équipe qui allait franchement égayer notre soirée.
Autour de Spicer, on retrouve une saxophoniste, un choriste, un claviériste, un bassiste, un batteur et un percussionniste, sur qui je me suis grandement concentré d’ailleurs, étant posté derrière lui. C’est aussi ce qu’offre une disposition comme celle-là: une expérience différente qui dépend de notre position géographique dans l’espace.
Sans crier garde, les musiciens se sont mis à jouer et ont commencé avec la très ambiant et plus mystérieuse Which Way Will the Sun Set Now?, une pièce qui a instauré d’emblée une énergie magnétique dans la foule. Et c’est ainsi qu’on est partie pour une solide ride pendant plus d’une heure. Le jazz ambiant-teinté de folk-pigmenté par la pop brésilienne des chansons du premier album solo de Warren Spicer nous a fait voyager et danser abondamment.
Comme mentionné plus haut, j’ai été obnubilé par le talent du percussionniste Sergio D’Isanto (Bye Parula), qui alterne aisément entre bongos, agogô, bol chantant, triangle et plusieurs autres outils du genre. Il fait preuve d’une véritable connivence avec le batteur Tommy Crane, qui se démène derrière son drum en se contorsionnant. Tout près, le bassiste Simon Jermyn n’est pas en reste et fait gronder ses cordes. Face à lui, la saxophoniste et flutiste Claire Devlin nous enchante avec ses interventions soyeuses aux vents. Finalement, Spicer unit sa voix avec celle de son choriste Loïc Calatayud Sola, également membre de Bye Parula, qui ajoute son timbre chaleureux aux pièces.
De cette façon, on adhère immédiatement à la proposition et on se trémousse si facilement à l’écoute des morceaux de l’album éponyme d’Unessential Oils paru en 2024. Le tropicália brésilien se marie à merveille au folk que la voix, sous-estimée, de Spicer dessine. On se régale du groove de Distrust the Magician, toune qui s’est taillé une place dans notre palmarès des meilleures chansons de 2024. « Parfois, des chansons s’écrivent toutes seules », précise Warren. « Suffit d’haïr les magiciens », ajoute-t-il.
L’énergie ne quitte pas la salle, au son d’autres extraits, comme Chameleon, Nic at the Museum et Solutions to My Gloom. Bien au contraire. Pendant tout le concert, on a la sensation d’assister à une communion hypnotisante qui nous marquera longtemps. La foule, attentive à souhait et ouverte aux sensations, a joué pour beaucoup, se méritant les flatteries du chanteur qui a été touché par la générosité de ses convives.
Puis, la fin. Pour la dernière mélodie de la soirée, Spicer empoigne sa double-neck guitar et on repart au son d’un habile solo. On se fera aussi gâter par un solide rappel qui nous renverra à la maison fasciné et satisfait. Même si les huiles de Warren ne sont pas essentielles, ce concert, quant à lui, l’était.
Impeccable façon de clore ta 24e édition POP Montréal.