Critiques

Wednesday

Bleeds

  • Dead Oceans
  • 2025
  • 36 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Replongeons-nous ensemble dans la nostalgie – parfois – crasse de l’adolescence accompagnée par ses aléas troubles. Que le lecteur ou la lectrice de ce texte qui n’a jamais péché pendant ses plus jeunes années me lance la première canette de coke diet percée à la tête. Wednesday explore ce filon fertile, cette époque où se nourrir de gaz station sushis à la tonne, et fumer l’herbe de la manière la plus artisanale possible étaient dans l’air du temps. 

C’est ainsi que Bleeds, l’attendu sixième album de la formation indie rock, nous arrive après la parution de quatre extraits très encourageants, avec des histoires et des souvenirs de jours passés et d’Asheville, en Caroline du Nord, habilement relatés par la chanteuse Karly Hartzman. Entre mélodies mélancoliques, soubresauts noise, et rock émancipé aux sons de riffs pesants, le quintette, qui rassemble aussi un certain MJ Lenderman, délivre un album nuancé: la « suite spirituelle » de l’excellent Rat Saw God, qui explore le côté puéril et l’insouciance de nos belles années. Même si les membres du groupe vieillissent, Wednesday témoigne tout de même de la beauté et de la laideur de la vie d’un.e jeune adulte.

En grande trombe, l’album s’ouvre avec trois hits. Je me délecte de Reality TV Argument Bleeds, la chanson d’ouverture qui débarque sans crier gare, comme un tonitruant début de concert. « Picking off the ticks off of you, if you need me, ill call you », chante Hartzman, dévouée, avant que le puissant riff qui émane d’étourdissants feedbacks nous percutent à nouveau. Elle démontre encore ses qualités vocales avec la captivante Townies, sur laquelle elle chante son retour à la maison, se rappelant de situations marquantes de sa vie de jeune adulte et des vieux visages qui marquaient son quotidien. 

« Met you in the neighborhood you had
Connects to get us high and then
You sent my nudes around
I never yelled at you about it
‘Cause you
Died »

Townies

Wound Up Here (By Holdin On) complète cette géniale trifecta d’ouverture avec la magnifique mélodie de son refrain et cette ampleur, voire cette détresse, qui se fraie un chemin dans la voix forte de la meneuse. Il faut dire que plusieurs des textes sur Bleeds sont sombres, habités par des histoires de bagarres, de drogues, de connaissances parties trop vite et de tueurs en série. Mais les airs ne sont pas tous abrasifs pour autant.

Les arrangements musicaux countrygaze, convient, à mon grand plaisir, les notes aguicheuses du lap steel sur les deux extraits suivants, soit Elderberry Wine, un des excellents singles mentionnés plus haut, et Phish Pepsi, une sympathique pièce country, cependant habitée par les textes brutalement honnêtes d’Hartzman. « We watched a Phish concert and Human Centipede / Two things I now wish I had never seen / Wе smoked weed out of a Pepsi can / Lying around under a Christmas tree », conclut-elle. 

Je vous disais que le projet commençait en force. Rendons-nous à l’évidence qu’il garde la même erre d’aller jusqu’à la fin. On s’amuse aussi fort sur les extraits énergiques comme Bitter Everyday, sur lequel les guitares grincent à profusion, ainsi que sur Wasp, ce brûlot hardcore et noise d’une minute et demie qui se mérite les cris libérateurs de la chanteuse et qui fera assurément virevolter les adeptes de la formation rock lors de ses prochains concerts.

« My life is a spiderweb
Built into the doorway
When you walk in, you duck your head
And the wind is always blowing »

– Wasp

Les dernières pistes, Carolina Murder Suicide et Gary’s II, concluent la galette plus doucement avec leurs textes qui s’inspirent respectivement de récits de serial killers et de ragots de villages marqués par des histoires de batailles.

Faisant preuve d’une véritable cohésion, Wednesday, qui, au delà d’Hartzman et de Lenderman (un ancien couple d’ailleurs), rassemble les excellents musiciens Alan Miller (batterie), Xandy Chelmis (pedal steel), Ethan Baechtold (guitare basse) et Jake Pugh (guitare), déploie un autre album franchement réussi, confirmant leur statut de groupe influent de la scène rock, et nous donne l’impression de toujours appuyer sur les bons boutons dans les dernières années pour y arriver. Bleeds, c’est du solide.

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