Chaque semaine, je reçois l’infolettre de la maison de disque Fire Talk qui aborde ses dernières sorties. Le truc, c’est que des courriels de maisons de disque, j’en reçois plusieurs. Faut se démarquer des autres. Et ce fut le cas pour un de leur email dans lequel on y voyait une belle pochette verte aux allures Y2K. C’était la pochette de Danger in Fives de Wombo et elle m’a captivé.

Photos et texte par Charles-Antoine Marcotte

La première chose qui m’était venue en tête à la fin de ma première écoute de ce projet, c’est de me dire que c’est de la musique de hipster. Aucune surprise de les voir débarquer au bar l’Escogriffe dans le cadre de leur tournée 2025. Mine de rien, ça fait deux passages en moins d’un an, à Montréal, pour le groupe originaire du Kentucky. Le groupe avait participé à la dernière édition du Taverne Tour.

shower curtain

Avant toute chose. L’Esco accueillait shower curtain. Directement venu de New York, ce quatuor accompagne l’acte principal pendant quelques dates de sa tournée. Premier passage à Montréal et première tentative de séduction. Le résultat est positif, mais avec quelques réserves.

D’abord, l’énergie pop et grunge ajoute un aspect sombre à l’ambiance, mais pas désagréable pour autant. Avec les aiguilles de VU dans le rouge, c’est un ramassis de sons qui transforme la musique en bruit plus lourd que ce qu’on entend dans les versions studio. Ce n’est pas désagréable, mais c’était une proposition un peu radicale en ouverture de Wombo.

Venu présenter de nouvelles chansons sorties sur leur premier album words for a wishing well, paru l’année dernière, le groupe ne semblait pas rodé du côté de la mise en scène (au point de faire un mauvais départ), mais ses membres savent bien jouer de leurs instruments. Pendant la deuxième moitié de leur performance, mon regard ne pouvait pas quitter les pieds du guitariste qui passait les chansons à appuyer sur ses mille et une pédales de guitare pour créer des effets auditifs aussi variés les uns que les autres. Je pense que, par chansons, il a appuyé plus de 20 fois sur ses pédales.

Wombo

Initialement prévu à 9h15, c’est avec 15 minutes de retard que le groupe de Louisvill, est monté sur la scène mythique de ce bar de la rue Saint-Denis. Celle-ci est remplie à 80% de capacité. Une bassiste, qui est aussi à la voix, un guitariste et un batteur, c’était tout ce qu’il fallait pour faire bouger le public. 

Interprétant majoritairement des chansons de Danger in Fives, le groupe démontrait une connexion forte, s’échangeant des regards complices comme des collègues de travail voulant le bon succès de leur entreprise. Sydney Chadwick a fait vibrer sa basse avec tellement de sobriété et de légèreté, prête a affronter le rythme parfois non linéaire de la musique. Son regard discret, loin de regarder le public en mode « aimez-moi », était rafraîchissant et charmant à la fois. Le public, majoritairement jeune, s’est laissé bouger au rythme du post-punk avec sa variante rock et pop.

Après 16 chansons et 45 minutes de spectacle, c’est le temps de dire au revoir. Le public, qui a été généreux, a eu le droit à un rappel. Je n’ai senti personne se plaindre de la durée et la foule semblait heureuse de recevoir ce cadeau. Si je n’ai qu’un point négatif, c’est du côté du mix de la voix. Alors que Chadwick avait ses lèvres collées au micro, il était par moments difficile de discerner si elle chantait des mots ou marmonnait des sons.

Rodée au quart de tour, au point de mixer des chansons ensemble, la formation indie rock américaine nous a offert un très bon moment dimanche soir.

Crédit photo: Charles-Antoine Marcotte