Simon Lachance
Cycle délicat
- Rosemarie Records
- 2025
Sur son premier album Le chemin des pots cassés (2023), Simon Lachance avait démontré que la chanson est un médium d’expression qui lui va comme un gant. Son aisance à arrimer paroles et musique de façon à créer de petits univers porteurs de messages clairs et francs était, à mon sens, le fait saillant de sa première œuvre. Si cette qualité est toujours au rendez-vous dans son second long jeu, la trame sonore, elle, nous offre quelques nouveautés.
Ceux et celles qui connaissaient déjà cet artiste remarqueront que le tempo a quelque peu ralenti, et que certains éléments rocks ont laissé place à une instrumentation que je qualifierais d’enveloppante et de « groovy ». Elle est marquée notamment par la présence des synthétiseurs (Gabriel Desjardins), du flugelhorn (Rémi Cormier) et du saxophone ténor (Valérie Lachance-Guillemette). À la réalisation, Dominique Plante (Ariane Roy, Adib Alkhalidey) a adopté une approche très créative, et contribue brillamment à l’ambiance chaleureuse qui caractérise l’opus.
Les thèmes abordés par Simon Lachance s’harmonisent parfaitement avec sa proposition musicale. En partageant au passage des bribes autobiographiques, l’artiste nous rappelle l’importance de ralentir, de mettre l’accent sur les choses qui comptent vraiment et aussi de se faire confiance. Comme il le dit dans Cargo, « T’as la pièce en inventaire ». Cette image, qui fait sourire, n’est qu’un exemple parmi plusieurs lignes habiles entendues sur le disque.
Parmi les moments marquants, il y a aussi la toute première pièce, Lumière, qui nous plonge immédiatement dans l’œuvre. Lachance nous somme de Déclarer la guerre à l’envie de plaire dans un crescendo qui culmine en un climax rehaussé par les chœurs (San James). S’ensuit la légère Waterloo, dans laquelle l’artiste nous enseigne avec humour « l’art de ne rien faire » et de « rester en mou ». Mentionnons aussi l’efficace ver d’oreille Pedro, un hommage touchant à l’intention de son fidèle ami. Vous devrez attendre jusqu’à la dernière phrase pour en comprendre le sens, et vous ressentirez alors le besoin de la réécouter différemment.
En cette période tumultueuse de la rentrée, alors que les idées se bousculent et les pauses sont salutaires, Cycle délicat constitue l’album-refuge idéal. À écouter une fois la journée terminée, quand vient le temps de reprendre notre souffle et de refaire le plein d’ondes positives. On se laisse sur cet extrait qui transcende parfaitement l’esprit de l’œuvre, et qui est encore plus envoûtant lorsque mis en musique.
Voulu bâtir ma maison au milieu des vagues
Tu m’attendais tout au fond dans ton lit de corail
Où la tempête nous passe au-dessus de la tête
–Corail