Critiques

Alex G

Headlights

  • RCA Records
  • 2025
  • 40 minutes
6,5

Certains artistes ont le nom reconnaissable et parviennent à planter une graine intarissable dans nos têtes. Ces artistes, de nos jours propulsés par Internet ou encore par le bouche-à-oreille, parviennent à faire leur bout de chemin jusqu’à nous. Ce qui nous amène à l’artiste que j’aborderai aujourd’hui. En effet, Alex Giannascoli (ou Alex G, si vous préférez), je dois l’admettre, j’ai fini par m’y intéresser à force de voir son nom apparaître partout dans les sphères indés que je visitais sur le Net. Alors oui, c’est bon, J’AI COMPRIS, j’irai voir ce qu’il fait! Bon, pas la meilleure démarche de découverte, je l’admets, mais ça m’a quand même permis de me pencher sur un album en particulier, House of Sugar en 2019, contenant notamment le titre Sugar, doux-amer et nostalgique. Ainsi, avec Headlights, son dernier album, allait-il me faire le même effet? En tout cas, en lançant le projet, j’avais les doigts croisés en guise d’espoir.

Pour débuter, un mot pour décrire l’univers d’Alex G? Vite comme ça, je dirais peut-être « douceur ». Il y a, dans sa musique, un désir de simplicité qui touche, avec June Guitar étant la quintessence de ce qu’elle représente, du moins pour moi. Vulnérabilité et simplicité, le tout enrobé d’une guitare acoustique qui semble te faire un câlin. Ça me fait penser à la musique pop-folk du début des années 2010 si celle-ci avait évolué et s’était adaptée à l’ambiance de la bedroom pop qui avait prospéré en 2020 pendant la pandémie. Car même des pistes plus soft rock comme Afterlife et Louisiana sont infusées d’une candeur qui, quelque part, serre le cœur tout en le remplissant de délicatesse. Ainsi, Alex G va laisser tomber des phrases adorables comme celle-ci sur Oranges : “Oranges, they fall from the trees in the Florida Keys // Willow branches whisper it to me, Florida”. Peut-être que ce n’est que moi, mais je trouve cette image pleine d’espoir et de tendresse.

Et c’est une qualité se réverbérant dans la voix du chanteur. Bon, malheureusement, je ne peux pas dire qu’elle me fasse énormément d’effet : elle agit souvent comme un accompagnement aux instruments plutôt qu’à une composante unique et indélébile sur un morceau. Cela dit, des voix féminines vont parfois agrémenter la performance principale (comme sur Beam Me Up), et cela donne une couche rafraîchissante à l’ensemble (tiens, ça me rappelle les belles années de Leonard Cohen…). Ce chœur féminin, on le retrouve aussi sur Is It Still You In There?, dernière piste qui, malheureusement, déçoit un peu de par un manque d’aller plus loin et d’utiliser le chœur à son plein potentiel. 

Pour aller sur d’autres points positifs, Bounce Boy maximise sa courte durée avec un tableau musical proche d’un jam (improvisation musicale) à peu près cohérent, une envie de chaos en tentant plusieurs choses sans savoir pour autant la destination. Mais c’est cette imprévisibilité qui fait du bien et qui éblouit. Far and Wide et Headlights, de leur côté, vont prendre leur temps et vont se laisser aller à des paroles plus introspectives. “Days riding past on waves of shattered glass // And I’m all in pieces”, dit-il sur l’une, “Well I moved so fast that no one could see me past”, renchérit-il sur l’autre. Alors non, la musique d’Alex G, ce n’est pas que des poneys et des licornes, il y a des cicatrices qui s’y dessinent çà et là, créant un tableau riche en émotions subtiles.

L’album se termine finalement sur un morceau enregistré en direct, Logan Hotel. J’avais peur que son inclusion marque une fin détonnant avec la texture sonore de l’album, mais, finalement, cette piste est plutôt une de mes préférées de Headlights. Dans ce morceau, je visualise Alex G dans un bar au beau milieu d’un road trip, donnant un concert intimiste, mais enjoué face à une communauté accueillante. L’harmonica offre d’ailleurs une excellente touche pour conclure cette épopée dans le confort et la joie. J’ai un faible pour la musique folk des années 70, et cela m’a ramené tout droit à cette époque (que je n’ai même pas connue, d’ailleurs).
En conclusion, est-ce tout de même un album vers lequel je reviendrai souvent? Honnêtement, je ne pense pas. Malgré ses qualités évidentes, Headlights est un album qui ne vient pas me prendre aux tripes à tout coup et qui ne contient pas non plus des prouesses musicales importantes. Pourtant, je ne pense pas non plus qu’Alex G ait cette prétention en nous partageant son art. J’y vois plutôt le désir d’établir un lien entre lui et son public et de fédérer une communauté avec sa musique, quelque chose qui ne secoue pas trop, mais qui détient tout de même une candeur désarmante. Ainsi, qu’on aime ou pas ce type de musique, nous en a bien besoin, et elle fait du bien.

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