Critiques

Karma Glider

From the Haze of a Revved Up Youth

  • Mothland
  • 2025
  • 35 minutes
7

Un album qui cogne, doucement. Des couches et des couches de guitares très fortes, mais mixées derrière la voix de Susil Sharma, à peine pressée, toujours profonde.

En fait, à fort volume on peut trasher partout, à plus faible volume on apprécie le côté très mélodique et pop des chansons. Karma Glider offre toutes ces nuances, de l’indie rock basé sur tout ce que les années 80 et 90 et 2000 offraient de musiques alternatives : tous ces Smiths, Cure, Jesus and Mary Chain, Sonic Youth, la Britpop, les Strokes, même un peu de U2 (arrêtons ici). Ah, sans oublier la magnifique recherche sonore. Un véritable cours de textures, d’effets, de feedbacks de guitares (en passant, c’est plus difficile qu’on pourrait penser : il ne suffit pas de tout crinquer et de se mettre devant son ampli).

Pas dénué de folie, cet album, mais quand même très gentil/poli au final? À première ouïe peut-être, mais après 4-5 écoutes, plus du tout. On entre à fond dans l’univers de Karma Glider. Chapeau à Joseph Donovan et Adrian Popovich, à nouveau sollicités pour l’enregistrement et les mixes, excellents. 

Chansons écrites et composées par Susil Sharma, à la voix principale et à la majorité des instruments. Et à la réalisation. Et au graphisme de l’album. Et aux images de chats dans ses clips.

Le tout débute calmement, introduction dans cet univers torturé de souvenirs doux-amers, où l’artiste revisite son passé affecté, des amours à la douloureuse béatitude. De crimes sympathiques. De remords. D’élixirs attachants, insistants. 

Toujours en mélodies accrocheuses: “If I hold my breath til I get old / The Sun won’t set inside my soul / I cleared my debt, I paid that toll / I’m gonna let the good times roll.” (extrait de la pièce Rock’n’Roll.)

Sad Beats est un charmant intermède musical avec ce genre de beat funky du début des années 90 (on dirait le beat de Sadeness Part 1 d’Enigma!), avec échantillonnages et guitares ambiantes.

On appuie sur la pédale de distorsion à partir de Love Bleeds, pour une injection de rock. C’est le quatrième morceau (et premier extrait), et c’est là où l’album semble vraiment débuter. Toute la suite est inspirée, distordue, portée par les guitares, ambiantes et/ou dynamiques, appuyées de quelques claviers discrets.

Avec ses « oh-ah-ah-ah », Love Bleeds donne le ton à l’album. Donne autant le goût de danser partout, avec son rythme contagieux, que de se laisser aller en douce contemplation.
On enchaîne immédiatement dans Diamonds, qui semble avoir été enregistrée la même journée que Love Bleeds. Même ton, mêmes sonorités, parfaite parenté.

« I can’t love the one I’ve burned
So take my heart out of this urn
And scatter me about the Earth »

Fall Into You

Sharma pose autant que de questions qu’il apporte de réponses, partageant ses pensées sur son passé via sa poésie sombre et romantique (lire : 19ème siècle), aucunement hermétique, toute à découvert. Étoile à JP Bourgeois qui brille avec ses nombreux fills de batterie. Toujours plus de fills, please!

Le deuxième single, Wait for you est le slow parfait, à la Be My Baby des Ronettes, avec un autre bataillon de guitares déchirées et bruyantes en arrière-plan.

“To walk alone is agony, To follow you, I can’t be free”. Paroles de The Breaking Light, autre hit possible. Encore exorciser d’anciens démons, d’anciennes amours tortueuses, sur des mélodies accrocheuses et des suites d’accords simples et efficaces. On s’adresse beaucoup au « you » : à une personne en particulier, à d’anciennes relations, à soi-même dans une décennie antérieure? Tout ça, sans doute.

The Line: “Life is short and time is luck / Our luck ran out and time is up”. Assez marquante qu’elle aurait pu être la conclusion officielle de l’album. On enchaîne avec l’excellente (et trop) courte pièce expérimentale Karma Glide in Blue.

Et on termine sur Breakdown. À la première écoute, ce morceau semblait ne pas avoir sa place sur From the Haze of a Revved Up Youth, parce que le ton est très différent du reste, détonne. Il sonne en fait comme si Karma Glider avait mué, changé de peau, était ressuscité en une personne plus légère. « Cause I’m ready, I’m ready, I’m heading for the big breakdown”. Breakdown pouvait seulement être la dernière chanson. Terminer sur une note positive qui est peut-être plutôt un faux espoir? 

À réécouter.

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