CCF 2024 | zouz + La Sécurité + René Lussier au Club Soda le 14 novembre 2024
Quelques gouttes de bière ont été renversées sur le parquet du Club Soda jeudi soir. Compte rendu d’une soirée sous le signe du rock émancipé qui mettait en vedette trois groupes particulièrement en forme.
Les spectateurs étaient conviés pour 20h afin d’assister à une nouvelle soirée signée Coup de coeur francophone. La salle s’est rapidement remplie et elle était bien garnie lors de l’arrivée sur scène de René Lussier. Arborant son t-shirt de Jimi Hendrix, le compositeur cumulant presque 50 ans de carrière allait prouver sa virtuosité à la guitare pendant la trentaine de minutes qui allait suivre. Il a rapidement présenté son acolyte de la soirée, Robbie Kuster, qui allait rythmer la performance derrière son petit drum. Puis, ils se sont mis en marche. Les deux hommes ont aligné une série de morceaux complexes et arythmiques relevant d’une complicité débordante. Lussier, tel un chef d’orchestre, agitait le manche de sa guitare pour signifié des pauses, et Kuster, son premier violon, suivait la cadence avec brio. René Lussier s’amuse sur sa guitare et lui fait faire toutes sortes de choses avec toutes les techniques possibles. Au moment où on ne s’y attend pas, on passe de passages déconstruits, des moments de chaos contrôlé au son des cordes pincées, à des bouts où la guitare redevient assertive et décomplexée. On a eu droit à plusieurs moments intéressants, notamment cette interprétation d’une possible alternative à notre hymne national. Vous comprendrez qu’on était loin du Ô Canada.
Une quinzaine de minutes plus tard, c’est le groupe d’art punk montréalais La Sécurité qui est venu mettre le party. Les cinq membres semblaient visiblement ravis de revenir à Montréal pour joué de la musique devant des fidèles de la première heure. Avec assurance, ils ont jouer plusieurs chansons de l’album Stay Safe!, dont Dis-moi, Anyway et Le Kick. Ils y ont ajouté la petite nouvelle, Détour, qui en a fait déhancher plus d’un.e. Le quintette a fait preuve d’une musicalité géniale sur scène alors qu’Éliane Viens-Synnott (voix et clavier) insufflait la dose d’énergie nécessaire avec ses moves de danse entrainants. Elle s’est même permis un généreux bain de foule sur Anyway, se laissant tomber sur les spectateurs qui l’ont fait bodysurfer. Les lignes de basses gonflées de Félix Bélisle (Choses Sauvages), les mélodies délinquantes des guitares de Laurence Anne Charest-Gagné (Laurence-Anne) et de Melissa Di Menna et les percussions effrénées de Kenneth David Smith ont réussi à faire bouger pas mal tout le monde réunit au Club Soda.
Tout ça mettait la table pour l’arrivée du trio zouz qui profitait de cette soirée CCF pour y faire le lancement de son dernier album, Jours de cendre. Le groupe composé de David Marchand (voix et guitare), Étienne Dupré (basse) et Francis Ledoux (batterie, voix un p’tit-peu) était accompagné par Shaina Hayes et de sa voix. Ensemble, ils ont servi une véritable clinique de scène hier. Leur rock inclassable a retenti, sous un éclairage obscur, et ils ont eu la confirmation que Jours de cendre, ça se joue en show. Ils ont donc arpenté l’album, au plaisir de la foule en liesse, tout en démontrant leur indéniable chimie. De nombreuses chansons ont permis aux spectateurs de s’adonner à de vaillants mushpits. Sur scène, zouz répondait à cet appel de la foule en en redonnant davantage. C’était aussi vraiment rafraichissant de voir le groupe alterner entre les pièces plus sombres de l’album avec leur bienveillance et leur humour au micro entre les morceaux. David Marchand en a d’ailleurs profité pour remercier tous ceux et celles qui ont mis l’épaule à la roue dans la création de Jours de cendre lors de copieux remerciements. Ils ont finalement mis un terme à la soirée avec deux rappels qui ont enchanté le valeureux public et qui ont couronné une veillée musicalement affranchie.
Crédit photo: Charles-Antoine Marcotte