Rosier
elle veille encore
- Indépendant
- 2024
- 23 minutes
En cette première semaine de noirceur hâtive, le réconfort est très bienvenu à la maison. Il n’a surtout pas besoin de cogner avant d’entrer. elle veille encore de Rosier est arrivé sans cogner et c’est effectivement le réconfort nécessaire.
C’est le deuxième album, ou plutôt le deuxième et demi en comptant le microalbum qui m’a réconcilié avec l’exécution de leur ancien groupe, Les Poules à Colin. elle veille encore en minuscule, est un album trad habillé d’un grand foulard indie-folk, folk-tronique avec quelques coucous de lo-fi très confortable. Celui-ci se veut une ôde à la maternité. On parle du bon, du beau qu’une maman peut nous apporter. On navigue sur la douleur d’en perdre une, d’en devenir une, d’en avoir une. Les voix feutrées de Béatrix Méthé et Sarah Marchand honorent ces récits inspirés de contes et de leur propre histoire à elles.
Le portrait sonore me téléporte dans mes souvenirs d’enfance. Une neige qui tombe doucement dans la noirceur de 16h, accompagnée de la trame sonore des films de Noël des années 80 qui jouaient en arrière-plan. Les synthétiseurs me rappelaient cette scène de la guerre des tuques, LA scène du trou dans la mitaine pis de la neige sur l’épaule. Il faut poser ses oreilles sur les pièces la punition et other forms pour se téléporter dans le salon de notre jeunesse lointaine ou pas.
Il y a une petite touche de Flore Laurentienne puisque Mathieu David Gagnon est venu faire un tour sur berceuse (elle veille encore). Les vagues de cordes envahissent le paysage auditif comme les aurores le font avec le ciel. La voix feutrée harmonisée au coucou du clavecin et de la petite voix d’enfant est la recette idéale pour se laisser tenter à la larme. Un calque avec la chaleur d’une mère qui berce son enfant.
La chanson qui suit éveille davantage ce besoin de se blottir à notre mère. La berceuse finale fais ta prière est livrée en toute vulnérabilité, en toute simplicité. Mon père m’a souvent répété que les grandes choses sont souvent des choses simples. Cette chanson en est la preuve. L’album au complet en est la preuve. Chacune des pièces nous est offerte en bienveillance, dans ce halo chaleureux, comme le baiser sur le front qu’une mère nous laisse avant qu’on s’endorme. En toute simplicité. Elles maîtrisent l’art d’offrir ce qui est suffisant pour atteindre les profondeurs des cœurs les plus stoïques.
Ici commence un long voyage
Quand je m’en vais vers d’autres cieux
Ma pauvre mère me suit des yeux
— fais ta prière