CCF 2024: Marjo + Alphonse Bisaillon aux Foufounes Électriques le 7 novembre 2024
Il n’y avait pas un pouce de libre sur le parterre de la salle des Foufs qui accueillait Marjo et Alphonse Bisaillon jeudi soir. Un public de tous âges s’est amassé devant la petite scène, trépignant d’impatience dans l’attente de voir la grande Marjo et son rock intemporel lors de cette première soirée du Coup de coeur francophone 2024.
Alphonse Bisaillon
Au coup de 20h, c’est le très charismatique Alphonse Bisaillon qui s’est chargé de faire patienter les spectateurs un peu plus longtemps. Il avait la tâche pas évidente de passer avant la reine du rock du Québec. C’est pour vous dire s’il a relevé le défi et ça n’a pas eu l’air de le stresser du tout. Seul avec son clavier, il s’est assis tout près des gens, acculés au devant de la scène, et il a commencé à jouer. Habilement, l’auteur-compositeur-interprète a su saisir l’attention d’un public un peu plus âgé, qui ne connaissait peut-être pas son projet. Alphonse Bisaillon a donc convié tout ce beau monde, âgé de 20 à 70 ans, dans son univers intime et, par moment, déjanté. Il a interprété ses chansons les plus dansantes comme Tout est accessoire! et … Station balnéaire (Tango), mais a aussi offert des moments tout en sensibilité avec Solitude et sa plus récente Blouse blanche.
Sa poésie s’est frayée un chemin jusqu’aux spectateurs les plus dissipés et ça a créé plusieurs beaux moments, notamment quand il s’en est pris (amicalement) à Lynda Lemay et sa chanson Alphonse avec une diss track intitulé Lynda. Son humour, son charisme, son chapeau en flammes et son habilité sur scène à proposer des moments touchants ont fait débouler l’heure et il a relevé aisément la tâche herculéenne de précéder une artiste comme Marjo. « Rock n roll », a-t-il scandé en quittant la scène. Et c’est exactement ce qui allait suivre.
Marjo
Marjolaine Morin, alias Marjo, n’a plus besoin de présentation. À 71 ans et avec presque 50 ans de carrière, elle en a fait danser du monde dans sa vie. Et visiblement, ce monde-là était aux Foufs pour assister à un des rares concerts de leur idole. C’était la première fois que je voyais Marjo sur scène, en personne, et les extraits d’elle disponibles en ligne ne m’avaient pas menti.
Les premières notes d’Illégale ont retenti et une énergie sans pareille s’est emparée des Foufs. Cette énergie, il ne faut pas chercher de midi à quatorze heures pour réaliser d’où elle vient. C’est la grande dame du rock qui la propage, alors qu’elle prend possession de la scène comme nulle autre. De pas de danse, de coups de tambourin, de ses steppettes classiques et de sa voix en grande forme, elle trahit l’âge et a offert un show rock en bonne et due forme. Se sont alors succédé ses plus grands classiques, comme Chats sauvages, Amoureuse, Y’a des matins, Ailleurs et Trop d’amour pour finalement finir avec (vous l’aurez deviné) Provocante. Son band, tout autant en forme l’accompagnait sous la supervision musicale du pianiste Pascal Mailloux. Eric Rock à la guitare s’est également permis plusieurs solos intoxicants.
En début de spectacle, Marjo nous a confié que c’était son premier à l’intérieur des murs des Foufounes Électriques. La seule fois qu’elle y était venue pour faire de la musique, ce fut le temps d’une chanson pour accompagner un vieil ami, un certain Lucien Francoeur. C’était écrit dans le ciel.
Après quelques rappels qui ont fini le spectacle dans les règles de l’art, c’est avec les oreilles assourdies que je suis sorti à la recherche d’un peu d’air. Les spectateurs s’allumant des cigarettes se sont amassés ici et là et les quelques bribes de conversations captées acclamaient déjà Marjo et le spectacle. Sur mon bixi, direction la maison, je me suis dit que c’était exactement ça, deux coups de cœur francophones.
Crédit photo: Charles-Antoine Marcotte