Duster
In Dreams
- The Numero Group
- 2024
- 45 minutes
Si le mystérieux groupe californien Duster a créé plusieurs pépites à la fin des années 1990, il est davantage populaire depuis sa résurrection en 2018. Depuis ce retour, la formation a été prolifique et a sorti plus d’œuvres que pendant la première partie de sa vie : un album homonyme en 2019, l’album Together en 2022, la compilation de raretés Remote Echoes en 2023 et maintenant le tout nouveau In Dreams. Toujours composé du noyau fondateur de Clay Parton et Canaan Dove Amber, le groupe offre un album studio fidèle au reste de sa discographie : un style slowcore lo-fi et une qualité constante.
Comme le groupe ne souhaite pas faire de compromis pour se rendre plus accessible, il continue à explorer en profondeur le style qu’il affectionne : une musique lente et bruyante, des voix traînantes et une atmosphère envoûtante. Si les premières notes de la première chanson (Quiet Eyes) ressemblent à ce que la formation a déjà fait par le passé, In Dreams réserve également des surprises distinctives.
Sur ce nouvel album, Duster navigue judicieusement entre mélodies vaporeuses et angoissantes ainsi qu’entre paroles désenchantées et énigmatiques. Comme d’habitude, Clay Parton et Canaan Dove Amber se partagent les chansons. Pendant que le premier privilégie les paroles cryptiques sur la sombre et martelante No Feel (« Come to me as an animal Soundlessly say it back to me »), le dernier propose le contraire en se vidant le cœur au moyen de sa voix voilée sur la planante Starting to Feel (« Hearts are going to break Where are they gonna fall now? They’re gonna fall harder »).
Encore plus souvent qu’à son habitude, le groupe opte pour une poésie minimaliste afin de mettre l’accent sur l’ambiance et la musique où la voix n’est qu’un instrument parmi d’autres. En effet, Duster ne se force heureusement pas à suivre une certaine norme puisque plusieurs chansons ne comptent qu’une trentaine de mots et certaines en contiennent des plutôt incompréhensibles. De plus, la formation présente deux pièces instrumentales dont Cosmotransporter qui, comme son titre l’indique, donne l’impression de faire un voyage astral, ainsi que Space Trash qui sort du lot avec ses synthétiseurs rythmés et ses bruitages intersidéraux.
À travers quelques pistes agréables, mais oubliables, la formation cache ses deux meilleurs trésors : Like a Movie et Poltergeist. La première met en vedette une basse entraînante et la douce voix de Canaan qui prononce des mots brutaux : « I’m never coming back home to you again What’s the point in doing this? ». Cependant, c’est Poltergeist qui vole la vedette avec son introduction fracassante et sa mélodie à mi-chemin entre rêve et cauchemar, le tout accompagné des paroles à interprétation libre de Clay : « Tell me the moon ain’t real In the fuzz at night ».
Duster ne crée peut-être pas son œuvre la plus marquante, la plus innovante ni même la plus uniforme, mais continue tout de même à prouver qu’il maîtrise son style qui évolue tranquillement, mais qui reste toujours authentique. Si l’effet de rareté faisait autrefois partie du charme du groupe, Duster séduit maintenant par sa productivité et la qualité constante de ses albums.
À écouter les yeux fermés pour vivre une séance ensorcelante.