Tire Le Coyote
Dynastie
- La Tribu
- 2024
- 43 minutes
Tire Le Coyote, alias Benoit Pinette, figure emblématique de la scène musicale québécoise, revient avec Dynastie, un album qui illustre parfaitement sa capacité à naviguer entre la poésie et les ambiances musicales originales. En effet, après de précédents opus salués par la critique, l’artiste nous livre ici une œuvre riche, tant sur le plan sonore que des textes, qui explore les thèmes de l’héritage et de la quête.
Réalisé en collaboration avec Marc-André Landry et un collectif de musiciens comprenant Benoit Shampouing Villeneuve, Simon Pedneault, Simon Angell, Jérôme Beaulieu et Kevin Warren, Dynastie se distingue par sa variété de styles, oscillant entre folk, rock et touches de grunge. Cette diversité sonore sert un propos cohérent : celui de l’exploration des racines et des liens qui nous unissent. Chaque morceau semble construit comme un chapitre d’un livre, offrant une réflexion sur l’identité personnelle et collective.
Dès les premières notes, on est plongé dans l’univers intime et impressionniste de Tire Le Coyote. Les mélodies, à la fois délicates et puissantes, sont accompagnées de textes ciselés, empreints d’une sensibilité palpable. La chanson d’ouverture, Avalanche, adaptation libre du titre éponyme de Leonard Cohen, évoque la quête de la gloire et la peur de la douleur :
J’ai été emporté par une avalanche
— Avalanche
Elle a englouti mon essence
Depuis je suis la secousse qui déclenche
La fêlure de tes propres croyances
Toi qui t’acharnes à conquérir les hauteurs
Il faut d’abord apprivoiser la douleur
La magie opère également avec des titres comme Les Chemins de Travers , où le thème de la force du territoire est autant mis de l’avant à travers des guitares distortionnées que des nappes d’ambiances sonores laissant la place au « spoken word » dans une atmosphère presque mystique. L’album ne manque pas d’audace également avec Baldy, autre clin d‘œil à Cohen. Pinette joue ici sur des sonorités plus douces, intégrant des cordes et des effets environnementaux qui surprennent agréablement dans cette pièce très typée guitare-voix.
Dans Toute garnie, l’artiste nous offre un autre moment assez inattendu. Ici, il explore, avec des textures plus électroniques, la force des liens humains. Ce titre, très accrocheur, qui évolue au fil de ses six minutes en plusieurs sections, est un des temps forts du disque qui rappelle les Beatles dans ses transitions et ses harmonies.
C’est la pièce-titre qui conclue l’album avant le petit détour instrumental Terminus #14. Explorant l’amour, cette chanson continue d’étaler le talent lyrique de Pinette.
Bien malgré l’âge qui m’aspire,— Dynastie
Dans la spirale du déni,
Je reste soudé au désir,
De fabriquer une dynastie,
Bref, Dynastie est une œuvre qui confirme la place de Tire Le Coyote parmi les grands de la chanson d’ici. À travers ses mélodies soignées et ses paroles poignantes, il laisse entrevoir l’essence même de ce qui nous unit en tant qu’êtres humains. Un album à découvrir et redécouvrir, tant pour sa richesse artistique que pour son propos touchant.