Virginie B avait commencé un virage avec INSULA qu’elle a lancé en 2022. À la fois dans la manière de se présenter avec une attitude qui célébrait la féminité et la sensualité ainsi que musicalement alors qu’elle laissait l’indie-folk-rock de Margo pour un indie-rock plus disco calqué un peu sur ce qui se passait en France avec L’Impératrice. Avec Astral 2000, elle continue le virage en le poussant beaucoup plus loin en pigeant dans l’hyperpop et dans le jazz à la Brainfeeder.

Travaillé en complicité avec Louis-Jeay Beaulieu, Astral 2000 se lance résolument dans les tendances américaines des 5 ou 6 dernières années en misant sur les synthétiseurs, les basses électroniques, les grooves bien présents et une certaine hyperactivité dans le traitement. Il demeure toujours un côté un peu plus vaporeux et mélodieux qu’on peut rattacher à INSULA, mais ce n’est plus le moteur de l’album.

La chanson-titre qui ouvre l’album est déjà une pièce de pop vitaminée où les rythmes sont rapides et cassants. Le refrain nous montre une hyperactivité foisonnante qui s’alterne avec certains moments un peu plus ralentis de chant. Avec Madone par la suite, on tombe résolument dans un mélange d’hyperpop et de jazz à la Brainfeeder qui est très présent sur l’album. Les basses sont rapides et groovy. Bon, n’est pas Thundercat ou Louis Cole qui veut, mais ça demeure une belle proposition. Hyperboi est aussi campé dans ce genre d’approche. Rodéo & Caméo est aussi à classer dans cette catégorie, bien que c’est un peu plus déposé. Celle-ci est bien intéressante alors que Virginie B conteste les standards qui sont imposés aux femmes en société. Héritière de Les Fées ont soif, elle se fait plus active, prête à détruire le patriarcat.

D’autres pièces sont plus empreintes du son qui dominait INSULA comme Autoportrait, 3_3_4, hana ou encore My muse. Parce que oui, il y a trois pièces dans la langue de Shakespeare dans Astral 2000. Règle générale, elle se débrouille bien en anglais, bien que ses textes sont beaucoup plus simples dans cette langue. Seule pièce qui sort des deux grandes tendances qui se dégagent plus haut est Cinéma qui beaucoup plus rock-électronique que le reste. On y sent des influences de musique dance des années 90. Est-ce la prochaine direction que prendra le projet?

Virginie B offre un album bien réussi qui offre de beaux moments musicaux. Ça me chicotte toujours de trop entendre encore les influences qui mène à un projet donné. Par moment, ça semble plus un hommage à la gang de Brainfeeder. Mais dans l’ensemble, c’est très bien exécuté. Il y a des sonorités intéressantes tout au travers d’Astral 2000 et d’album en album, Virginie B prend de plus en plus confiance. On l’aime comme ça.