Vince Staples
Dark Times
- Blacksmith Recordings / Def Jam Recordings
- 2024
- 35 minutes
Parmi le rap venant de la grande région de Los Angeles, Vince Staples est une figure de proue en raison de son écriture capable de créer de la magie de situation quotidienne profondément humaine. Encore une fois sur Dark Times, il démontre son talent de rappeur et d’auteur. Les trames sont peut-être un peu moins excitantes que sur les dernières sorties, mais on y trouve tout de même de beaux moments. D’ailleurs, Dark Times est la dernière sortie de Vince Staples sur Def Jam qui en a parlé publiquement et qui augure le chemin de l’indépendance pour le rappeur qui s’est construit une solide carrière en dix ans depuis la sortie de Summertime ’06.
Label tryna give me feedback, told me « Bring the streets back »
— Étouffée
Fans said they want 2015 Vince
Dropped Big Fish, cuh been weak since (Cuh be trippin’)
Damn, tell me how you really feel (That’s how you feel?)
And, all I wantеd was a couple mill’ (That’s all I wanted, okay)
Make thе city proud (Hood)
Put it on ‘fore them crackers come and tear it down
What are you about?
Vince Staples porte les cicatrices d’une vie qui a commencé dans un milieu difficile et qui a réussi à se sortir de la rue. S’il y a quelque chose de gangster dans le rap de Staples, c’est l’idée qu’il faut s’en sortir. En écrivant de la sorte, il fait preuve d’une grande lucidité, et plutôt que de magnifier une réalité difficile, il en parle avec une honnêteté qui ressemble sans doute davantage au ressenti des gens qui sont toujours pris dans une réalité difficile où la survie passe souvent par la violence. La pièce Étouffée est un petit chef-d’œuvre de Vince Staples qui livre un texte puissant avec toute l’agilité qu’on lui connaît. C’est l’une des meilleures pièces de Dark Times.
La ballade Shame on the Devil où Baby Rose accompagne Staples dans le refrain sur une trame qui tire un peu vers le rock psychédélique est aussi un des bons moments de Dark Times. Government Cheese est aussi une critique virulente du gouvernement et son traitement des populations les plus pauvres, mais qui se fait sans agression. Staples est même à la limite de la mélancolie alors qu’il livre son rap qui sans s’exciter sort avec une régularité impressionnante.
Justin est un conte habile que Staples construit en créant des surprises avec les détours que prend l’histoire. Little Homies est une pièce les plus dynamiques de Dark Times et rappelle les chansons du début de la carrière de Staples. Freeman offre aussi quelques bons moments.
Ce n’est pas le meilleur album en carrière de Staple et certaines pièces sont moins mémorables. C’est le cas pour Nothing Matters, mais ce n’est pas non plus une mauvaise pièce. Les sketchs qui interviennent de manière régulière à travers l’album sont corrects, mais viennent lassant assez vite. Ce qui donne du crédit à l’hypothèque que Wesley McLean a faite dans Exclaim, comme quoi, ce serait la conclusion d’une trilogie non officielle qui se serait commencée avec l’album homonyme. Ce n’est pas une sotte idée et il y a un sentiment de filature entre les trois albums.
Dans tous les cas, ça demeure que c’est un autre très bon album de Vince Staples qui est l’un des rappeurs les plus intéressants de la scène américaine, et ce depuis dix ans.