Établi à Montréal, Basil Oussaint diffuse de la musique sur les plateformes numériques depuis environ 10 ans. Naviguant souvent dans des eaux électro-funk, dance et synth pop, ses pièces favorisent les trémoussements et peuvent créer une ambiance lounge idéale pour les 5 à 7 d’appartement. Si Oussaint a déjà proposé des compositions intéressantes, par exemple Combien de galaxies? et Bourgeons sur les albums Atlas astral (2016) et Jardiner (2020), son œuvre est demeurée assez confidentielle jusqu’ici. Il faut dire que l’homme pratique son art pour le plaisir et que ses efforts de marketing sont bien modestes. Lancée à la mi-mai, sa dernière collection d’enregistrements, intitulée Le futur est excellent, pourrait cependant séduire les oreilles curieuses en ce temps des terrasses 2024.

La production regroupe neuf morceaux d’abord disséminés dans l’univers numérique en tant que simples à l’été 2023. Chacun d’eux semble décrire un moment ou un aspect d’un amour naissant. Le titre de l’album fait d’ailleurs référence non pas à l’avenir du monde, mais bien aux promesses d’une relation qui prend forme. On l’apprend à l’écoute de la seconde pièce, qui donne son nom à l’ensemble : « Tu sais arrêter le temps/tu sépares le ciel en deux/tu m’attires comme un aimant/je peux lire dans tes yeux/que le futur/est excellent ». Avertissement : son refrain est contagieux et pourrait vous pousser à chanter jovialement « le fu-tur/est ex-cel-lent » et vous attirer ainsi les regards dubitatifs des écoanxieux de votre entourage qui lisent Alexandre Shields. N’ayez crainte, vous pourrez les rassurer à propos de votre état mental, car Oussaint est conscient de l’urgence climatique. Un peu plus loin dans la chanson, il prononce de fait ces paroles : « Le monde ne fait que brûler/mais on s’est trouvés juste à temps ». Bref, c’est l’amour au temps des feux de forêt.

Mais assez de remarques thématiques. Commencez par le commencement et cliquez sur play pour lancer Tendance tendre, la pièce d’ouverture. Prédiction : il vous sera difficile de résister aux sons à la Daft Punk qu’elle contient et de rester immobile quand Oussaint entonne « Tendance tendre/que des sentiments/qui montent ».

Les mélomanes qui écouteront l’album intégralement découvriront d’autres créations génératrices d’agrément, notamment :Quel est ton plaisir?, où la voix d’Oussaint rappelle celle de Mehdi Cayenne, Nos corps ensemble, dont la finale est constituée d’envolées de claviers à la Tony Banks, ainsi que Des plans gagnants, qui se termine par un très bon segment de guitare. La dernière pièce, Toi et moi et la fin du monde, d’une durée de huit minutes, est aussi une réussite. Pour l’ensemble de l’album, il faut souligner le travail sur les sonorités, l’inventivité dans l’approche rythmique et le caractère à la fois pop et expérimental des compositions.

Si vous appréciez le travail de formations de chez nous telles que Bad Dylan, Le Havre, Beat Sexü et Pure Carrière, Le futur est excellent, c’est probablement pour vous.