Cet album surprenant de St. Vincent aborde le rock des années 60 et 70 avec une touche de funk, beaucoup de lounge pop, mais surtout creuse dans une situation très personnelle à l’autrice-compositrice-interprète : la sortie de prison de son père. Bien que ce soit le moteur de Daddy’s Home, on y retrouve aussi des thématiques autres et Clark prend toutes sortes d’avenues différentes. Bien qu’il lui ait valu un Grammy pour l’album alternatif de l’année en 2022, l’équipe trouve tout de même que c’est son moins marquant en carrière. Mais c’est pas mauvais là!

C’est intéressant d’apprendre comment David Byrne et St. Vincent se sont retrouvés à créer de la musique pour une performance, mais que réalisant que les deux avaient des idées autour des cuivres ont finalement créé un album complet : Love this Giant. Ç’a en dit long sur la créativité qui les habite. Le funk est au rendez-vous sur cet album qui a été écrit dans des échanges de courriel. On y retrouve les deux personnalités bien présentes, mais l’autre se prête toujours au jeu.

On peut dire ce qu’on veut, mais cet album de St. Vincent lui a valu une invitation à jouer dans le groupe de Sufjan Stevens à l’époque d’Illinois et The Age of Adz. On comprend pourquoi, surtout avec des chansons comme Jesus Saves, I Spend qui joue sur les procédés orchestraux, mais dans une version pop-rock. Elle était pile-poil dans le ton de Stevens. Cet album, c’est aussi celui d’une dropout du Berklee College of Music qui avait besoin de plus de liberté dans sa manière de composer. On y retrouve beaucoup de liberté, au point où ça manque un tantinet de direction, mais ça demeure du solide.

On dirait que la pochette déjà vendait le punch que St. Vincent s’en allait dans la direction des synthétiseurs. Abandonnant les guitares qui avaient fait sa réputation, elle se lance dans une nouvelle direction avec Masseduction. Sous les salves de synthétiseurs et les rythmes dansants, Annie Clark nous lance de la critique sociale avec une habileté et une intelligence du texte absolument délicieuse. Et à travers tous les synthétiseurs, il y a New York qui ressort du lot avec son intime dépouillement qui vire orchestral.

C’est le début de la période « guitare héros » de St. Vincent qui trouve à la fois la manière de shredder, en bon français, tout comme de proposer des arrangements magnifiquement délicats de cordes et d’instruments à vent. Le tout avec des mélodies vocales aérienne et légère. Elle a été inspirée par les films de Disney et les trames sonores de film, et on peut dire que d’une certaine manière, on a parfois l’impression d’être plongé dans un film porté par les excellentes chansons d’Annie Clark.

L’album homonyme de St. Vincent est celui qui l’a fait connaître à un plus grand public avec raison! Elle y livre une collection tout à fait délectable de chansons. Plus directes que sur Strange Mercy, les chansons frappent dans le mille à tous coups. On y découvre de nouvelles couleurs tout en gardant ces moments de guitares qui surprennent. Parce que les talents d’Annie Clark avec sa six cordes sont impressionnants.

Sur Strange Mercy, Annie Clark arrive à la pleine grandeur du son des années de guitares de son projet. On y retrouve d’excellentes mélodies vocales, des riffs aussi inventifs qu’efficaces et une construction chansonnière généralement exceptionnelle. Pour le créer, St. Vincent est allée s’isoler à Seattle en imitant la manière « col bleu » de Nick Cave pour l’écriture de chansons dans le studio de Death Cab for Cutie. Le tout donne un résultat fabuleux.