Mike, 454, Niontay et El Cousteau au Théâtre Fairmount le 19 avril 2024
C’est au Théâtre Fairmount, en ce vendredi 19 avril, que le rappeur américain MIKE est atterri à Montréal. Dans le cadre de la partie américaine de la tournée Somebody Fine Me Trouble, il est accompagné de ses complices El Cousteau, Niontay et 454.
El Cousteau
C’est avec une belle énergie trap que El Cousteau s’est pointé sur scène pendant les 15 premières minutes de la soirée. Ses quelques chansons jouées ont excité la foule; ça ressemblait à plein de petits électrons qui se déchargent tranquillement. Ce qui est intéressant à travers son répertoire, c’est qu’il peut autant nous capter avec une chanson plus douce comme sa plus récente sortie Redlines qu’avec une chanson plus dynamique comme B/W. El Cousteau, avec sa voix tantôt criarde, tantôt en plein sur le rythme, qui donne envie de rester éveillé pour la suite. Son plus récent projet Dirty Harry fait d’ailleurs le même effet.
Niontay
On sent une convergence d’influences de plusieurs rappeurs dans le style de Niontay. Il n’en demeure pas moins que, même si Earl Sweatshirt, Vince Staples, MIKE, ainsi que les Yachty, Carti et Uzi de ce monde se font entendre dans sa musicographie, Niontay, avec son flow essoufflé et son énergie décontractée, a sa pertinence. Son EP Demon Muppy, avec notamment YATKAMAN3000, est une démonstration convaincante de ce que cet amalgame peut offrir.
454
La performance la plus surprenante de la soirée appartient à Willie Wilson, alias 454. Bien que je ne sois pas amateur de sadtrap pop qui fait parfois penser à : « si Justin Bieber était un rappeur », je peux affirmer que 454 a élargi mes horizons. C’est grâce à un registre à la fois hip-hop, trap, pop de chambre et R&B qu’il parvient à séduire en explorant diverses facettes de sa voix aiguë. Durant sa performance, les chansons ICE AGE, THANKFUL et BARBIE ont été des exemples marquants.
MIKE
Près d’un mois après la fin de sa tournée européenne, MIKE a entamé la partie nord-américaine il y a deux jours à Philadelphie. Après Boston, voilà que Montréal l’accueillait; c’est à bras ouverts qu’il a été reçu. Avant toute chose, c’était captivant de le voir vibrer sur le bord de la scène durant la presque totalité des représentations de ses amis rappeurs El Cousteau, Niontay et 454.
C’est en 2018 que j’ai découvert le rappeur MIKE grâce à son album War In My Pen. Depuis, tel un métronome, ce dernier en a fait paraître plusieurs autres, et ce, avec la même pertinence. Concernant sa prestation d’hier, on peut dire que c’est sa présence rassurante et sa voix poignante qui ont retenu l’attention. On peut dire que, mis à part vers la fin, les pauses se sont faites rares et les productions s’enchainaient à un rythme effréné. Les yeux fermés, avec en plus les trames de transitions placées ici et là, on aurait dit qu’on écoutait un de ses albums ou un long discours sans fin sur des productions alliant jazz, trap et hip-hop. Parfois, et puisqu’il y a un côté introspectif dans ses paroles et dans sa manière de les interpréter, on aurait dit qu’on était assis avec lui dans un bureau de psychologue. Ça donnait le goût d’être confortablement assis et d’écouter avec d’autant plus d’attention. Mais non, impossible de s’assoir sachant qu’au final, la partie plus agressive sur les bords de sa musicographie allait nous donner envie de nous lever et de foncer dans le tas.
Tout a commencé avec la douce pianotée GOD’S WITH ME. Par la suite, on a eu le droit à des chansons issues de l’ensemble de son répertoire, donc l’excellente ZAP! . La soirée a donc pris une tangente d’ascenseur, alors que des chansons plus chuchotées et moins bouncy se sont bien mélangées avec d’autres où la foule se retrouvait sur le précipice du mosh pit.
En terminant, bien que le spectacle fut une réussite et que, pour ma part, j’aurai fait d’intéressantes découvertes, quelques éléments ont attiré l’attention. D’abord, même si le fait de scander le nom des rappeurs de sa famille pour leur donner de l’amour est une chose hyper courante dans l’univers du rap et du hip-hop, cette stratégie pour raviver la foule a été employée à saturation durant la soirée et j’ose croire qu’il existe des alternatives moins redondantes. L’une d’entre elles pourrait être de faire intervenir les uns les autres dans les prestations. À force de les savoir se tenir ensemble et collaborer, il serait judicieux pour ces derniers de jouer, par exemple, des chansons collaboratives. On peut déjà penser au fait que MIKE et Niontay auraient pu faire 2k24 Tour ou à MIKE, El Cousteau et Niontay qui auraient pu faire la chanson Real hiphop et Mussel Beach.
La tournée se poursuit ce soir à Toronto. À noter que MIKE à récemment fait paraître un album : Pinball.