The Libertines
All Quiet on the Eastern Esplanade
- Universal Music Group
- 2024
- 39 minutes
Même s’il n’arbore plus sa dégaine de fripon junkie, le chanteur Pete Doherty arrive toujours à nous balancer d’imparables refrains. Mais il n’est pas le seul dans l’aventure. Non seulement son complice d’autrefois Carl Barât prend beaucoup de place, mais les deux autres musicos des Libertines participent aussi à l’écriture des 11 titres d’All Quiet On The Eastern Esplanade. D’ailleurs, le groupe insiste pour partager les crédits de composition à 4 plutôt que de tout centrer autour du duo d’enfants prodiges constitué de Pete Doherty et Carl Barat.
L’efficace Run, Run, Run débute avec tonus. Elle est merveilleusement suivie par la très accrocheuse Mustangs. L’énergie se répercute tout autant dans I Have a Friend. Quand ce n’est pas livré à fond la caisse, Doherty et Barat et tutti quanti nous mènent à bon port avec des balades doucereuses à la Man With the Melody (Pete Doherty remporterait ici tous les honneurs dans un concours d’imitation de Damon Albarn) ou Baron’s Claw flirtant avec le jazz. Cette approche plus en nuance ne reniant en rien la force de frappe du combo. Surtout avec des orchestrations aussi surprenantes que bienvenues dans le bridge.
La meilleure du lot? Oh Shit. Pas pour rien que le titre a été retenu comme simple. On frôle presque l’autoparodie tant Oh Shit semble se faire l’écho des belles années des deux premiers albums. Merry Old England offre tout le chic d’un regard porté sur la société anglaise comme l’aurait fait fièrement un Ray Davies avec les Kinks. Shiver abonde également dans cette esthétique irrésistible.
Autre force de ce quatrième album: des balades comme Night Of the Hunter qui ont de la gueule. De sorte qu’on les savoure avec la même délectation que les hymnes plus ravageurs comme Be Young. Songs They Never Play On the Radio demeurent une élégante sortie d’album même si les gars veulent en préserver tout l’aspect broche à foin sans pour autant en négliger les pourtours mélodiques.
Comprenons-nous bien, passer rapidement d’une toune à l’autre peut donner le tournis, mais c’est oublier que ça a toujours la force des Libertines de nous transporter de la sorte dans les ambiances sans nous demander notre avis.
Bref, on a droit à une savoureuse pop décomplexée toute en guitare jamais noyée dans une production surchargée. Comme si Pete Doherty et ses compères avaient trouvé la fine ligne entre la nostalgie des beaux airs d’antan sans verser dans le «c’était donc mieux avant…» et le désir de se renouveler. Cela est juste et bon.