FEQ 2023| Jour 1 : Les Shirley, Billy Talent et Weezer
Cette année, le Festival d’été de Québec a décidé de miser sur le rock pour lancer les festivités avec non pas un, mais deux groupes qui auraient pu remplir les plaines à eux seuls. C’est les «hometown heroes» Billy Talent et les cultes Weezer qui ont eu la mission de démarrer le FEQ et, à en croire la foule, c’était un bon choix.
C’est devenu un cliché de dire que Québec est une ville de rock, mais les dizaines de milliers de festivaliers qui ont combattu la chaleur accablante pour entendre des solos de guitare électrique l’ont encore une fois prouvé.
Les Shirley
En «rodage» pour ouvrir le spectacle de la bande à Dave Grohl à Verdun dans quelques jours, Les Shirley avaient pour mandat d’inaugurer les plaines pour le FEQ 2023. Le trio ne s’est pas fait prier pour livrer une performance énergique ponctuée d’interventions pour encourager la foule à trasher malgré la température de 58 degrés minimum sur la scène si on se fie à Raphaëlle Chouinard. Enchaînant les titres de leurs deux albums en occupant une scène qui leur appartenait clairement, les musiciennes ont rempli leur mission avec distinction. Clairement qu’une bonne partie des festivaliers ont commencé leur journée avec Fuck it I’m in love après cette découverte.
Billy Talent
La seule chose plus constante que l’énergie et la passion de Billy Talent sur scène, c’est la coiffure improbable de leur guitariste. Le groupe ontarien qui souffle les vingt bougies de leur premier album cette année est toujours un des groupes chouchous de la ville de Québec. Toute la sympathie accumulée lorsque les Devil in a Midnight Mass et Fallen Leaves jouaient sans arrêt à MusiquePlus est clairement encore très présente. La preuve en est que la foule s’est époumonée du début à la fin sans aucun temps mort sur This Suffering, River Below, Rusted from the Rain, Red Flag et évidemment l’hymne Try Honesty.
Le chanteur Ben Kowalewicz était visiblement très heureux de chanter pour un public aussi réceptif et a partagé son amour pour les gens de Québec à de nombreuses reprises. Affirmant haut et fort avoir la même passion que lorsqu’il a créé le groupe avec ses amis à 17 ans, celui qui a une des voix les plus reconnaissables de la scène a également souhaité rappeler quelques trucs simples comme le fait de chercher à s’entraider en toutes circonstances.
Les moments émotifs n’en sont pas restés là, car pour Pins and Needles, le groupe a invité son batteur original Aaron Soloweniuk, atteint de la sclérose en plaques, à venir les accompagner derrière l’établi. Un beau moment.
Weezer
«MY NAME IS JONAS» se sont écriés des dizaines de milliers de spectateurs qui attendaient les Californiens de Weezer de pied ferme. Impassible derrière sa guitare et semblant évaluer le public, Rivers Cuomo a démarré le spectacle en grande pompe en se débarrassant également rapidement de Beverly Hills. Debout sur une scène en forme de tableau de bord de voiture, le quatuor a fait honneur à sa réputation d’un des groupes qui se prend le moins au sérieux du rock.
Désirant atteindre un équilibre entre son répertoire immense et ses hits, le groupe a tenté un jeu d’équilibriste pour autant faire plaisir à ses fans qu’aux gens qui ne le connaissait que par la radio et les bandes originales de films des années 2000. Mission compliquée, mais qui a sans doute plu davantage à la première catégorie de personne. Le moment acoustique pour jouer la b-side Susanne a laissé une partie des plaines de marbre tout comme l’épique The Greatest man that ever lived, mais a clairement fait crier de joie l’auteur de ces lignes.
Comme souvent avec Weezer c’est par l’humour que ça passe pour le public et la soirée d’hier n’a pas fait exception à cette règle. Ironique et changeant de costumes, d’accessoires et de guitare, Rivers a tout de suite attiré la sympathie des plaines. En continuité avec leur récent album hommage à Van Halen, le groupe s’est présenté en mode guitar hero en multipliant les moments de shred et en enchaînant de manière toujours un brin second degré des mouvements de rock star. On a même eu droit à leur reprise d’Enter Sandman. Dans un contexte aussi jubilatoire que celui-ci, voir Rivers et Brian Bell faire du duck walk à la AC/DC sur Undone est un moment que beaucoup garderont en tête.
Dans tous les cas, un spectacle de Weezer c’est toujours une célébration d’une liste de chanson qu’on a parfois un peu de gêne à aimer comme El Scorcho, Hash Pipe ou Island in the sun et d’hymnes qu’on s’époumone à crier comme Say it ain’t so et Buddy Holly. C’est d’ailleurs ce classique qui a conclu le récital en une énorme chorale qui en aurait probablement pris encore plus.
Crédit photo: Stéphane Bourgeois