En janvier dernier, Miley Cyrus annonçait la sortie de son huitième album studio en placardant les murs de la ville de Los Angeles avec des affiches « New Year, New Miley ». Si la pop-star américaine n’en est pas à sa première réinvention, on sent cette fois-ci une réelle volonté de faire tomber le masque. Avec Endless Summer Vacation, Cyrus laisse derrière les artifices au profit d’une esthétique plus épurée, mais surtout plus digne de son timbre de voix si riche et particulier.

Dans la même lignée que Younger Now et Malibu (2017), Endless Summer Vacation plonge dans les thèmes de la découverte de soi, de l’amour propre et de l’épanouissement personnel. Pour ce premier opus depuis sa signature avec Columbia Records, la chanteuse a fait appel à plusieurs anciens collaborateurs, dont Mike WiLL Made-It, Kid Harpoon et Tyler Johnson. On retrouve ainsi les sonorités country-pop-rock qui font la quintessence de son univers musical, mais on lui découvre également de nouvelles couleurs, notamment grâce à des collaborations avec Brandi Carlile et Sia.

Imaginé comme une lettre d’amour à la ville de Los Angeles, l’album se divise en deux parties. La première moitié du projet, le côté AM, représente « le matin, où il y a un bourdonnement d’énergie et un potentiel de nouvelles possibilités ». La seconde moitié, le côté PM, représente la nuit et « son côté glissant, mais aussi son glamour ». Écoutées d’un seul trait, les treize chansons nous font vivre une journée complète dans la Cité des Anges, cette ville à la fois ingrate et enchanteresse.

L’engouement pour l’album a débuté dès le mois de janvier avec la sortie du simple Flowers, une chanson de rupture qui exprime le besoin de se prioriser à la sortie d’une relation. Ce ver d’oreille, qui s’est hissé au sommet du Billboard Hot 100 dès la semaine de sa sortie, profite d’un arrangement sobre avec des influences disco et funk pour faire passer son message. Bien qu’amusant, le texte est parfois niais. « I can buy myself flowers/ Write my name in the sand/ Talk to myself for hours/ Say things you don’t understand » n’est certainement pas le refrain le plus recherché que Cyrus ait écrit.

Comme c’est souvent le cas avec les artistes féminines de cette stature, la situation qui a inspiré la pièce a fait de l’ombre à la pièce elle-même – lorsque Flowers a fait son entrée sur les plateformes cet hiver, plusieurs fans se sont empressés d’analyser ses paroles à la recherche d’indices pointant vers la relation que Cyrus a entretenue avec l’acteur Liam Hemsworth. Il s’agit d’une tendance qui revient souvent avec les chanteuses dont la vie personnelle est hypermédiatisée : plutôt que de prendre leur musique au sérieux, on décortique leur matériel sous des angles plus restreints, en s’intéressant davantage à leur vie privée qu’à leur propos.

C’est dommage, car Cyrus est capable de créer des albums bien ficelés. Jaded vient donner un peu de mordant à la liste de lecture avec son refrain accrocheur qui fait contraste aux paroles plus mélancoliques. Dans Rose Colored Lenses , la jeune femme baigne dans la lumière californienne et cherche à étirer un bon moment pour le faire durer pour toujours. River marque le début de la partie nocturne grâce à son rythme entraînant, alors que Violent Chemistry donne envie de se rendre sur une piste de danse illico.

Si l’album porte le nom Endless Summer Vacation, il nous laisse plutôt avec ce sentiment de vide que l’on ressent une fois les vacances d’été finies. Une proposition réfléchie et bien étayée, ce nouvel album a certainement de quoi meubler les longues soirées estivales à venir. Si Cyrus ne prend pas vraiment de risques au niveau des textes ou de la production musicale, sa voix sans égal suffit pour nous transporter dans son petit coin de paradis, où les étés se suivent, mais ne se ressemblent pas.