L’artiste sonore, productrice et ingénieure audio Simona Zamboli a développé son savoir-faire en faisant du « foley », des effets sonores et des trames pour films et publicités à Milan et en Italie. Son arrivée sur l’étiquette allemande Mille Plateaux lui a permis de proposer un premier album, Ethernity (2021), qui s’écoutait comme une trame sonore, sans grande surprise; plus précisément d’une usine sur une lune de Jupiter, avec la froideur de ses mécanismes rythmiques et des différentes étapes de transformation de la matière première.

Zamboli était de retour en janvier avec son deuxième album, A laugh will bury you, toujours sur Mille Plateaux, et une suite plus intuitive et affirmée de son esthétique musicale. La tension entre l’harmonie et l’inharmonie est placée davantage à l’avant, avec une toile de fond oscillant entre la techno et la noise. Une trame sur laquelle les automates peuvent danser entre deux quarts d’extraction de matière première.

L’album s’ouvre avec Haunting ruined landscapes comme un démarrage de console reliée à un scanneur topographique, qui multiplie les pulsations synthétiques jusqu’à un niveau de trame expérimentale à la sonorité kosmische abrasive. Comme son nom l’indique, Underworld passe de la surface au sous-sol, et nous fait visiter les tunnels d’un site minier, captant au passage les frictions entre la machinerie et la roche. I’m not there nous transporte ensuite dans la partie tout incluse du site, où les employé-es « party hard » sur de l’acid techno après une journée de « work hard ».

Cet itinéraire se développe à travers huit autres pièces qui forment ensemble l’équivalent d’une heure de « boiler room » immersif. Cela dit, les pièces n’imposent pas de lieux comme tels, et restent à une étape suffisamment abstraite de leur histoire qu’on est libre d’embarquer ou pas dans un ou l’autre des chapitres proposés.

Cela dit, les pièces n’imposent pas de lieux comme tels, et restent à une étape suffisamment abstraite de leur histoire qu’on est libre d’embarquer ou pas dans un ou l’autre des chapitres proposés. Zamboli prend le temps de s’amuser avec la matière brute, de déconstruire l’anticipation normalement véhiculée dans une pièce dansante pour révéler les particules qui la composent. L’équilibre entre les rythmes industriels et la qualité électroacoustique de la palette sonore créée une expérience riche en textures qui donnent des frissons aux oreilles, à partir d’un volume raisonnablement fort.