Critiques

Les Incendiaires

In Abstracto

  • Singeries phonographiques
  • 2023
  • 51 minutes
6,5

Les Incendiaires sont un groupe indie pop qui roule sa bosse depuis près d’une quinzaine d’années. En 2008, ils nous présentaient un premier album : Mono No Aware. Or, c’est en 2010 que la formation a élargi son auditoire avec la sortie du simple Amants d’immeubles qui s’est hissé à l’époque en première position du palmarès chansonnier de MusiquePlus. La mention de cette chaîne de télévision consacrée à la musique, mais qui avait perdu de sa pertinence en fin de parcours en présentant d’insipides télé-réalités, ne rajeunit aucunement l’auteur de ces lignes… Le dernier album en date pour Les Incendiaires? Unica, une création parue en 2013.

La formation est donc de retour avec un troisième opus en carrière. Réalisé par le compétent propriétaire des studios Madame Wood, Vincent Blain (L’Indice), voilà In Abstracto. Une pléiade de musiciens invités a participé à la création de ce nouvel album : Jonathan Charrette (Groenland, Larynx), Michelle O et le co-fondateur de la formation française Indochine, Dominik Nicolas, lui qui a eu un ascendant manifeste sur la direction artistique de cet album.

Dans le communiqué de presse remis en marge de la sortie de l’opus, les influences new wave, post-punk et dream pop sont invoquées. Or, dès les premières écoutes d’In Abstracto, on constate que ce sont surtout les mélodies du chanteur-compositeur Rudy Berhnard, passablement calquées sur celles du chanteur de la formation Indochine, Nicolas Sirkis, qui captent notre attention.

Inspiré par le cinéma, la philosophie orientale, la littérature et l’art contemporain, les textes de l’auteur, eux, sont quand même plus sentis que ceux commis par le populaire groupe français qui n’a jamais été réputé pour son excellence littéraire, tant s’en faut. In Abstracto est donc une méditation enjouée sur l’amour, la folie et les voyages lysergiques, entre autres.

On se doit de souligner le travail de Blain à la réalisation qui fait sonner cet album comme une tonne de briques. Les guitares « cure-esques » — évoquant par moments le jeu du multi-instrumentiste Alex Scally de la formation Beach House —, les arrangements de cordes bien répartis tout au long de l’opus et l’utilisation des cuivres en conclusion de Citrons ultra-violets sont des apports sonores réussis.

Mais ce qui vient plomber l’appréciation de ce disque est sans contredit l’influence omniprésente d’Indochine qui se manifeste démesurément tout au long de l’album. Le jupon dépasse beaucoup trop…

Cela dit, In Abstracto est l’œuvre d’un groupe parfaitement compétent en écriture chansonnière. Le post-punk domestiqué entendu dans Le jour des fous, les guitares rêveuses dans Les abîmes renversés, la conclusion surprise dans Citrons ultra-violets et l’accrocheuse Nostalghia sont les moments réussis de ce long format.

En fait, si vous êtes des inconditionnels d’Indochine, In Abstracto a le potentiel de vous plaire.

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