Même si c’est le premier album solo de Greg Beaudin, il n’en est pas à ses premiers pas dans le milieu musical. Depuis dix ans, Beaudin, connu à une autre époque sous le nom de Snail Kid, a d’abord expérimenté le succès au sein de Dead Obies. Puis, il a fait un projet familial, Brown Family, avec son père Robin Kerr et son frère Jam. À travers ceux-ci, on a vu le rappeur se développer, mais surtout refuser de refaire constamment la même chose, et ce même s’il était franchement efficace en tant que rappeur dans Dead Obies. Autant à l’époque, sa livraison pouvait être abrasive, autant aujourd’hui, c’est dans le velours que Beaudin nous livre ses textes.

Tiamat, mon amour est un album de rap et R&B qui tire des influences de la soul et de la pop. Greg Beaudin nous montre aussi qu’il est encore capable de livrer avec une rapidité, mais il a appris à choisir ses moments. Tout comme il semble prendre plus d’assurance au chant et se permet de longs moments mélodieux. L’album est traversé par un fil qui est tenu par une relation impossible. Il reste vague dans ses déclarations. Est-ce qu’il s’agit d’une personne ou encore d’une relation imaginaire avec l’entité qui donnait naissance aux autres Dieux? Malgré lui, on retrouve sur cet album des thèmes très adultes comme l’envie de moins faire la fête ou encore le besoin de fermer les livres sur des relations toxiques. Une chose est sûre par contre, c’est que le résultat est convaincant.

Greg Beaudin a pris de la confiance dans son chant et ça paraît sur des chansons comme Quelque chose ou encore Big Boy. Les deux pièces glissent davantage sur la pente R&B de Tiamat, mon amour. Il offre quelques bonnes lignes particulièrement sur la deuxième, une ode à l’amour. Dans les autres chansons qui vont plutôt du côté du chant, on retrouve Drinking qui compte sur l’apport du guitariste et compositeur Bazzart.

Ce n’est pas le seul invité sur Tiamat, mon amour. Les Louanges se joint à Beaudin pour l’excellent simple Pas toi encore qui joue sur des sonorités R&B et néo-soul. Les deux artistes s’échangent la balle à merveille sur la pièce en évitant de se piler sur les pieds. Le vieil ami de Beaudin au sein de Dead Obies, Joe Rocca, vient faire son tour sur l’intéressante Fugazi. Ça fait ressortir un peu plus le côté rap de sa personnalité et Joe Rocca offre aussi un bon vers. Brown Family se pointe à quelques moments sur l’album dont sur la chanson Us. On entend un peu aussi Robin Kerr sur Woah où Eman vient faire son tour avec une solide contribution.

Tiamat, mon amour est un album de transition dans la mesure où Greg Beaudin s’installe dans une nouvelle approche qui pourrait parfois aller un peu plus loin. Parfois, les mélodies ne sont pas extrêmement solides non plus, ça pourrait être un peu plus audacieux et varié. Mais dans l’ensemble c’est franchement réussi et il offre quelques chansons qui sont mémorables. C’est une des très bonnes sorties du début de l’année 2023.