Critiques

Gloin

We Found This

  • Mothland
  • 2022
  • 32 minutes
7,5

En 2019, la formation torontoise avait attiré l’attention de certains amateurs de rock grâce à la parution du EP, Soft Monster. Voilà maintenant que Gloin nous présente son premier album titré We Found This. Le quatuor est formé de John Watson (guitare, voix), Vic Byers (guitare, voix), Simon Kou (batterie) et Richard Garnham (synthétiseurs).

Après avoir présenté de nombreux concerts en première partie de groupes fort respectables comme The Brian Jonestown Massacre et A Place to Bury Strangers, entre autres, le groupe est maintenant prêt à s’approprier le devant de la scène. Enregistré dans deux studios distincts — le Soleil Studio et le Palace Recording —, Gloin a confié la réalisation de cette première production à Dylan Frankland de la formation indie rock Tallies. Et c’est Graham Walsh (Holy Fuck, Metz, Alvvays, etc.) qui a supervisé le mixage de l’album.

Dans le communiqué de presse remis par la maison de disques Mothland, Gloin décrit sa démarche artistique « comme une collaboration entre Talking Heads et Black Flag s’il était question de créer une trame sonore agressive pour un jeu vidéo ». Les thématiques que la formation explore, elles, sont assez disparates : occultisme, hyperactivité mentale, individualité, égarement dans la ville, etc.

Dès les premières écoutes, vous constaterez que cette jeune formation pige son inspiration dans une panoplie de groupes qui ont fait leur marque dans l’histoire du rock. De Sonic Youth à Joy Division, en passant par The Jesus and Mary Chain, les Torontois rendent un vibrant hommage à leurs héros.

L’introductive Pitchfork est un clin d’œil plus ou moins subtil à Joy Division. Les guitares démesurément saturées dans OCT sont dans la lignée de ce que propose depuis toujours A Place to Bury Strangers. Le dynamisme résolument punk, entendu dans Shoot to Kill et Work Patrol, évoque les bons moments de Sonic Youth et Bikini Kill. The Maw réunit dans une seule et même chanson les ascendants de Cabaret Voltaire et ceux de la mythique formation allemande Can.

Pour certains vétérans, cet éclectisme stylistique pourrait agacer. Or, ce serait passer outre le fait que Gloin est un groupe hautement compétent qui sait insuffler une énergie contagieuse à ses compositions. Dans FZero, le ralentissement rythmique qui reprend son erre d’aller en fin de parcours est jouissif. Positivland II est une plongée dans une sorte de post-rock domestiqué. La voix robotique et caverneuse dans Dark Moto fait sourire et la conclusive Brique Chaude est du post-punk classique assez dansant.

Ce qui distingue Gloin de ses pairs est sans aucun doute cette atmosphère cauchemardesque qui colore l’album du début à la fin. Ce climat sonore, combiné aux multiples influences susmentionnées, fait de We Found This un long format franchement divertissant.

En revanche, lors de sa prochaine aventure, Gloin devra préciser son identité sonore. Sans quoi, on pourrait penser que le groupe crée de la musique à numéro…

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