Bluesfest d’Ottawa 2022 : Run the Jewels et Rage Against the Machine — All hell can’t stop us now… même pas une jambe cassée!
Un des concerts les plus attendus de l’été, après deux remises en raison de la pandémie, c’est celui de Rage Against the Machine qui reprenait la scène avec Run the Jewels en première partie. Ça fait de grosses soirées…
Merci à Marc-André Mongrain (sorstu.ca) pour les photos!
Ce fut toute une semaine qui menait à ce concert! Non seulement, Zack de la Rocha s’est cassé la jambe à Chicago (tout pour le rock!) et ça s’ajoute aux Américains ébaubis ne comprenaient pas ce que la politique faisait dans un concert de Rage Against the Machine. Hum… comment dire mon champion… tu pensais que Killing in the Name c’était quoi au juste? Une chanson de guerre contre les mouches à fruits? Mais bon, avant de se lancer dans les politicailleries commençons avec.. oh wait… Run the Jewels.
Run the Jewels
Je ne comprends toujours pas la décision du FEQ de bouder Run the Jewels qui est la parfaite première partie pour Rage Against the Machine. En fait, même penser que c’est une première partie, c’est un peu nono. Quel concert nous ont offert Killer Mike et El-P ! Ils étaient dans une forme resplendissante. Les deux amis avaient envie que ça brasse autant que la foule, mais ils ont quand même pris le temps de rappeler à tout le monde que nous étions une grande famille et que si quelqu’un tombait dans le mosh pit, il fallait le relever et qu’il fallait garder ses mains pour soi. Pendant cette allocution, un homme en fauteuil roulant faisait du body surfing alors qu’un autre qui venait tout juste d’être passé de l’autre côté de la barrière avant, par la sécurité, s’est fait inviter par le duo sur scène pour regarder la suite.
Le groupe a lancé les hostilités avec Close Your Eyes (and Count to Fuck). Seule petite déception, Zack de la Rocha ne sort pas pour faire son couplet. Ça aurait été si le fun. Mais bon, on se contente sans problème des deux rappeurs qui nous balancent de solides pièces sur solides pièces : Yankee and the Brave (ep.4), ooh la la, Run the Jewels, Legend Has It, walking in the snow. Cette dernière si chargée politiquement était bien interprétée tout comme JU$T.
Rage Against the Machine
L’attente d’une heure entre les deux groupes n’a fait que monter l’excitation. Puis, les lumières de la scène se sont éteintes, un message nous a été envoyé puis le groupe est rentré sur scène. Zack de la Rocha était porté par deux techniciens avant d’être déposé au centre de la scène sur un trône beaucoup plus modeste que celui de Dave Grohl; un roadcase posé avec une couverture par-dessus, une bouteille d’eau et une petite tisane pour la voix. N’allez pas penser que cela annonçait un concert en demi-teinte. La hargne est toujours présente dans les yeux du chanteur, même assis, il n’y a pas de doute, les appels à la révolte sont authentiques.
Le groupe s’est pris son lot de critiques pour les prix des billets de concert et le fait de venir chanter ça sur des scènes commanditées comme celle du Bluesfest d’Ottawa. Je comprends le sentiment, mais en même temps, si c’est ce message ou celui de la pop la plus mièvre qui existe sur le marché, je vais prendre des rockeurs qui veulent détruire le système capitaliste. D’ailleurs, le côté politique du groupe n’est absolument pas dilué. Rage Against the Machine avait des messages sur mesure pour le Canada après avoir appelé les Américains à avorter la Cour suprême : des messages sur la disproportion de population carcérale autochtone, sur les chances d’une personne des Premières Nations qui sont 16 fois plus élevées qu’un Blanc de se faire tuer par la police et en gros caractère pour terminer : LAND BACK. Des messages chaudement applaudis par la foule qui était présente aux plaines Lebreton.
Le groupe a fait tous les succès : Bulls on Parade, Guerilla Radio, People of the Sun, Testify, Wake Up, Sleep Now in the Fire, Killing in the Name. Ma seule déception, l’absence de No Shelter, mais sinon, c’était un concert d’une puissance impressionnante. L’âge ne semble pas ramollir le groupe qui est encore animé par une envie d’un monde plus juste.
Crédit photo: Marc-André Mongrain (sors-tu.ca)