Chroniques

Daniel Bélanger

Rêver mieux

  • Audiogram
  • 2001

Il s’est dit beaucoup de choses sur cet album très influent de la culture québécoise. Je dirais même qu’il y a… 6 milliards… 6 milliards de mots, ça fait beaucoup. (bruit laconique de batterie) Mauvais blague à part, je me suis demandé si c’était pertinent d’écrire sur cet album qui s’est quand même faufilé dans notre top d’albums parfaits parus depuis le début des années 2000. Ça n’arrive pas souvent. S’il y a une chose qu’on aime faire au Canal, c’est bien de trouver des poux à des albums et c’est très difficile avec Rêver mieux. Si vous voulez en savoir plus sur le processus de création de l’album, je vous recommande deux excellentes lectures et ce balado :

Si la création de Rêver mieux est fascinante, ce qui l’est encore plus, c’est le succès qu’à connu cet album malgré son format atypique. Ce n’était pas la première fois que Daniel Bélanger poussait plus loin le format des chansons. On est en 2001, la radio commerciale est toute puissante et elle fait de la place à la musique. Le format privilégié est de 3 minutes 20 secondes. C’est parfait pour faire des blocs avant d’envoyer aux annonceurs et permettre à l’animateur d’enrober le tout d’interventions. Parce que sur Rêver mieux, Daniel Bélanger se permet une chanson de près de 8 minutes avec Intouchable et immortelle. C’est osé. Même s’il avait commencé déjà à étirer la sauce avec Le parapluie et Sortez-moi de moi sur Quatre saisons dans le désordre avec leur 5 minutes 30 respectives, cette fois-ci il se permet un jam. Un jam qui est devenu avec le temps l’un des moments les plus jouissifs en concert. J’ai eu la chance de le voir en spectacle en 2009 aux Îles-de-la-Madeleine et j’ai l’impression que l’impro a duré 20 minutes. C’était magnifique. Comme une promenade à bicyclette sous les étoiles. 

Revenons à nous moutons, ce qui est marquant, c’est la liberté qu’il se donne. C’est d’ailleurs ce qui transpire un peu partout sur Rêver mieux. On ne peut pas s’empêcher de penser aux groupes européens qui cartonnent à ce moment-là : Radiohead, Air et Morcheeba. Le mélange d’éléments de musique électronique, de outils pour créer ces sons et des instruments acoustiques est vraiment réussi. Dans cette aventure, Carl Bastien porte aussi une bonne part du fardeau. Les petits effets qui viennent colorer Chante encore, sur laquelle la basse est magnifique, est un bon exemple de ce qu’arrive à faire Bélanger ici. Même chose sur Te quitter qui est agrémenté de petits flashs sonores ici et là. 

Ça nous amène aussi à la mélancolie latente qui habite Rêver mieux. Comme si son titre évoquait davantage un espoir de pouvoir envisager un monde meilleur que la capacité à le bâtir. Une femme, un train, un homme et une gare sont toutes habités par des histoires caractérisées par des rendez-vous manqués, ou en tout cas, certainement par un amour déchu sur le sol qui s’est perdu en chemin. Ça permet aussi de souligner les cuivres magnifiques de l’album. Dans un Spoutnik est aussi empreinte d’un mal d’être ou à tout le moins, d’une envie de quitter la Terre. 

Outrepassant la mélancolie, il y a Dis tout sans rien dire, une pièce d’une beauté à émouvoir même les plus stoïques. Une chanson qui traite d’une maladie de l’âme sans la décrire, mais en se plaçant les deux pieds à la place de la personne. Et même s’il y a une mélancolie qui sous-tend le tout, Daniel Bélanger tente tout de même d’y donner parfois un peu de swing comme c’est le cas dans Comme des amants ou encore par la légèreté qui caractérise Fous n’importe où

C’est un excellent record qui vieillit très bien. Encore 20 ans plus tard, il continue de faire son œuvre.

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