The Halluci Nation
One More Saturday Night
- Indépendant
- 2021
- 48 minutes
Il s’en est passé des choses depuis l’album We Are the Halluci Nation! Tout d’abord, la formation a voyagé avec son Powwow-step. Il a diverti et fait danser les festivaliers par dizaines, voire par centaines de milliers. Ensuite, Ian « DJ NDN » Campeau a quitté le groupe pour des raisons de santé en 2017 ce qui a laissé Tim « 2oolman » Hill et Ehren « Bear Witness » Thomas en duo. La paire a décidé de rester entre eux et en 2020 annonçait qu’A Tribe Called Red allait désormais se nommer The Halluci Nation. Finalement, en 2017, ce fut aussi la fin des Electric Pow Wow qui avait donné naissance au groupe de DJs en 2007. Le groupe a pris durement la fin abrupte de cet événement bihebdomadaire qui leur permettait de faire des expériences musicales.
Il était donc normal que ce nouvel album soit une sorte d’hommage à ces soirées qui pendant 10 ans ont permis à la paire de tester des mélanges de genres avec de la musique traditionnelle autochtone. Et sur One More Saturday Night, il n’y a pas de doutes : The Halluci Nation a l’intention de faire danser sans évacuer le discours progressiste qui a toujours fait partie de leur œuvre. Est-ce que la mayonnaise pogne? La mayonnaise pogne en masse.
Gardant leurs bonnes habitudes, le groupe ouvre l’album sur John Trudell qui tient un discours motivant et empreint d’une fierté culturelle avant que la musique électro se fasse plus présente que le groupe Black Bear contribue avec des voix et des tambours. Plusieurs pièces mélangent habilement la musique électronique et le chant traditionnel sur l’album. It’s Over est un des bons exemples avec les voix poignantes des Chippewa Travellers et des trames énergisantes qui se fondent ensemble. Même chose du côté de la puissante Land Back où The Halluci Nation collabore Boogey the Beat et Northern Voice.
Le groupe ose aussi sortir de ses zones confort avec une pièce de cumbia franchement réussie. Tanokumbia mélange les rythmes sud-américains avec les voix de Black Bear. Ou encore les rythmes des Caraïbes qui sont présentes sur Ba Na Na, une collaboration avec Odario, Haviah Mighty et les voix des Chippewa Travellers.
C’est assez rare de voir des politiciens être échantillonnés sur un album, mais c’est ce qui arrive sur The O.G. où le groupe prend un discours particulièrement passionné de l’ex-député Diom Romeo Saganash qui est crie et québécois. Le tout avec Black Bear qui rajoute une bonne dose de puissance avec ses tambours et ses chants. La magnifique Tanya Tagaq est aussi de la partie sur la chanson Collaboration ≠ Appropriation alors qu’elle livre son chant de gorge si intense et des paroles qui ne laisse pas de doutes sur la place qu’elle veut que les Premières Nations occupent.
L’album est rythmé par les moments intitulés Remember qui sont de belles oasis de quiétude à travers la charge imposante de l’album. Ce qui est le plus beau, c’est que The Halluci Nation fait ce que peu de créateurs de musique électronique font : te faire danser et te faire réfléchir en restant dans un discours lucide et positif. One More Saturday Night est touchant parce qu’il rend hommage à des rencontres, à des amitiés, à des moments de folies, mais aussi à des peines. C’est un album profondément humain qui donne envie de lâcher son fou. The Halluci Nation sont plus forts que jamais.