Les reprises de Leonard Cohen sont multiples et différentes les unes des autres. Hallelujah a toujours été reprise une fois de trop, rendant presque tous les Montréalais complètement fatigués de l’écouter encore et encore. Lors de la mort du poète mythique, les gens se sont relayés pour lui rendre hommage et chanter ses chansons. L’occasion étant tout à fait justifiée pour la reprise de ses plus grands succès. Aujourd’hui, il est difficile de comprendre pourquoi certains artistes s’obstinent à vouloir toujours revisiter le répertoire. Malheureusement, First Aid Kit et son album hommage à Cohen, Who By Fire – Live Tribute to Leonard Cohen, s’inscrit dans cette veine.

Les soeurs Johanna and Klara Söderberg ne se sont jamais cachées d’être de grandes admiratrices de l’oeuvre du poète montréalais. L’album est un enregistrement d’un concert-hommage qu’elles ont réalisé en mars 2017, quelques mois après la mort de Leonard Cohen, au Royal Dramatic Theater à Stockholm. Le spectacle grandiose était accompagné par une chorale, des acteurs et des invités spéciaux alors que le duo réinterprète les grands succès du notre cher poète. Le résultat est intéressant, mais souvent difficile à suivre.

La particularité des chansons de Leonard Cohen réside dans leur simplicité et l’émotion transmise par la voix du poète. First Aid Kit essaie tant bien que mal d’être fidèle à l’interprétation originale, mais les relectures tombent à plat dans le cas de certaines chansons qui sont plus difficiles à reprendre, notamment avec You Want It Darker, où le côté plus sombre de la chanson disparaît presque, ne laissant place qu’à une imitation plus rapide et moins poignante que l’originale. Notons que la reprise de Famous Blue Raincoat est beaucoup plus remplie de tension que celle de Cohen, beaucoup plus douce. C’est là où le bât blesse : certaines chansons de Leonard Cohen sont très difficiles à reprendre, même en y donnant sa propre couleur. Le cas de Famous Blue Raincoat sur cet album est l’un des plus flagrants, mais notons aussi le cas de Avalanche qui devient presque trop lente lorsqu’elle est reprise par les soeurs Söderberg. Dans la version originale, la guitare imite musicalement l’effet d’une avalanche alors que le piano dans la version de First Aid Kit n’arrive pas à reproduire cet effet. C’est plutôt dans l’interprétation du chanteur (ici Loney Dear) que l’on met l’accent. Bien que cette reprise est intéressante, elle perd des plumes.

Certaines chansons sont bonnes, mais sans plus. Suzanne, chanson culte écoutée par tous maintes fois, est simple et jolie, mais ne contient pas le souffle si particulier qui la rend si spéciale. Le côté épuré de If It Be Your Will disparaît dans la version de First Aid Kit. So Long Marianne est belle, mais le fait d’être plusieurs à la chanter lui enlève de son sens, chacun l’interprétant à sa façon.

Deux chansons se distinguent de la masse par contre. L’interprétation a capella de Bird on the Wire retient l’attention. Les voix des soeurs Söderberg se mélangent pour le plus beau des résultats et épousent chacune des paroles de la chanson presque religieusement. Dans Hallelujah, la chanson prend des airs sombres, presque funèbres, donnant un nouveau visage à cette chanson qui a été tant reprise par tout un chacun.

First Aid Kit a entrepris un défi très difficile et celui-ci n’est pas exactement réussi, mais ce n’est pas non plus un échec. Il est difficile de séduire les Montréalais lorsque l’on décide de reprendre Leonard Cohen, la plupart ayant grandi en écoutant les chansons et les histoires du poète mondialement vénéré. Peut-être est-ce là le facteur qui rend cette critique plus sévère? Au final, Johanna et Klara Söderberg rendent un bel hommage à notre cher Leonard, un hommage qui le rendrait heureux.