Foo Fighters
Medicine at Midnight
- RCA Records / Roswell Records
- 2021
- 36 minutes
Superman a le superpouvoir d’avoir une force surhumaine. Spiderman a son spider-sens. Wolverine guérit rapidement. Greg Kurstin a le pouvoir de rendre ses enregistrements beiges. Vous oubliez Kurstin dans la cuisine et soudainement les herbes, le poivre et le sel disparaissent. Je ne vois pas comment expliquer autrement que ce réalisateur réussisse à rendre tant d’œuvres sans saveur.
Vous aurez deviné que Medicine at Midnight rate le marbre par un bon deux pieds. On a l’impression que Foo Fighters n’a pas été beaucoup challengée sur ses compositions. Cet album est une suite d’occasions ratées avec quelques moments de surprises ici et là.
Commençons par le positif. Shame Shame, premier extrait paru de Medicine at Midnight, offre de beaux moments, de belles textures, une belle montée. Il se passe quelque chose. C’est excitant. Avec la batterie qui mène la trame à l’avant-scène, une guitare acoustique étrange et Grohl qui nous offre une bonne mélodie vocale, on a l’impression que le groupe se renouvelle. Ce n’est pas le morceau le plus enlevant de la discographie de Foo Fighters, mais ça touche la cible.
Autre bon moment, Waiting On A War. Même si la chanson ressemble drôlement à d’autres pièces du répertoire des dernières années des Foo Fighters, Grohl nous séduit avec son charisme et une bonne mélodie vocale. Même si le texte est un peu quétaine, voire la star du rock multimillionnaire qui a été pessimiste toute sa vie et pensait que ça n’allait pas marcher. OK Dave, on n’est pas nonos non plus, là. C’est facile dire ça quand tu habites dans un manoir à LA avec une piscine creusée et un studio maison…
No Son of Mine fait froncer des sourcils. On dirait un groupe d’adolescents qui veut faire du Motorhead, mais sans le côté dangereux de la formation métal. On a donc un gros riff avec une guitare qui est noyée dans le son, qui n’a pas 10% de la puissance du groupe de Lemmy. Ça rate la cible.
Mais ça se gâte vraiment sur les pièces Making A Fire, Cloudspotter, Holding Poison et Chasing Birds qui sonnent toutes comme de mauvais pastiches de rock d’aréna. Honnêtement, c’est frustrant. On a l’impression que tout ce qui fait de Concrete & Gold un album totalement raté est de retour. C’est mièvre, sans saveur et mixé avec le plus grand des mauvais goûts. Dave Grohl a beaucoup trop de talent pour accoucher de ceci : soit il a perdu le feu sacré ou bien il est prisonnier de son mode de vie « ouaté ». Il oublie complètement qu’il est capable de rocker.
Medicine at Midnight est un album décevant et frustrant qui donne envie d’abandonner Foo Fighters pour de bon. Dave Grohl est un gars cool mais il joue sérieusement avec nos nerfs.