Kid Francescoli est le projet électro-pop du marseillais Mathieu Hocine, actif depuis 2002. L’artiste est présent sur la scène internationale depuis son troisième album, With Julia (2015), qui s’est démarqué avec sa sonorité synthpop enrichie à la french touch et la voix de la New-Yorkaise Julia Minkin. Play Me Again (2017) reprenait sensiblement la même recette de base, mais en accentuant les rythmes de manière à rendre le tout encore plus dansant, comme un clin d’œil au techno. Hocine est revenu à la fin janvier avec un cinquième album, Lovers, une palette sonore synthwave très adoucie et une collaboration avec quatre chanteuses très talentueuses.

Nassee ouvre Alive en filament de voix doublé de façon échantillonnée, passant au premier couplet en compagnie d’une pulsation aux claviers. Le segment évolue en ballade dansante montée sur un rythme latin, chantée joliment en duo avec Hocine. Les percussions jungle font déhancher Eu Quero tout doucement, laissant Samantha prendre place avec sa voix veloutée. La combinaison de celle-ci avec les paroles en espagnol double (au moins) le niveau de sensualité de la pièce, et génère une chaleur/buée digne d’un sauna. Cent corps revient à la forme balade synthwave avec iOni à la voix, qui chante en français en duo avec Hocine, et passe en anglais au refrain. Le thème se développe à travers l’échange entre les deux voix, racontant une histoire de fréquentation qui se demande si elle est rendue exclusive. My Bad prend une direction entre le funk et le nu disco, Hocine chantant comme s’il chuchotait à l’oreille. Nassee le rejoint au refrain sur un thème légèrement mélancolique, bien que la palette sonore fasse plutôt sourire.

Sarah Rebecca assure de façon a capella sur Miss Mess, qui prend ensuite une forme de dance baléare bien ensoleillé. Ça devient un peu plus électro à partir du mouvement suivant, lorsque la ligne de synthétiseur analogique vient supporter Hocine à la voix. City Lights conserve le clavier oscillant de la pièce précédente pour supporter Nassee à la voix, qui nous guide au-dessus du rythme entrecoupé vers un refrain dance maximaliste très pop. La ponctuation avec le couplet plus léger mène à Hocine qui donne brièvement la réplique à mi-chemin. Samantha revient sur Ces deux-là, autre ballade à l’atmosphère baléare, supportée par une boîte à rythmes tropicale et un clavier mou un peu daté. The Only One change complètement d’approche et commence exceptionnellement au piano, très joliment d’ailleurs. Sarah Rebecca revient avec une interprétation angélique décorée par les échantillons de cordes au mellotron. Mention spéciale à la percussion réverbérée au loin.

iOni revient sur So Over de façon a capella, accompagnée progressivement par une ligne mélodique arpégée au clavier. L’introduction mène à une basse monophonique italo disco par-dessus laquelle la chanteuse passe du parlé au chanté sur un ton angélique. O Sol ralentit le tempo, passant au niveau de ballade 80’s, avec le petit solo de guitare électrique décoré par les claviers mous. Après le premier mouvement, Samantha prend place avec sa voix veloutée, apportant une proximité en duo avec Hocine. La synthèse itérative de Lovedrops change d’atmosphère pour une trame sci-fi à grand déploiement, et une référence directe à Vangelis dans un certain film culte.

Lovers est un album fondamentalement romantique, dans la mesure où il semble avoir été composé comme une trame sonore de compilation de scènes d’amour de films français. Au niveau créatif, on constate que Hocine maîtrise toujours la matière pop et la façonne selon les codes choisis, cette fois-ci ce sont ceux de la ballade des années 80’s, version française. C’est donc nettement plus discret comme approche musicale, et ça fait en sorte que la collaboration avec les quatre chanteuses vole complètement le show, même avec la performance tout à fait respectable d’Hocine durant les duos. Il y a finalement une atmosphère rétro à l’album, comme une nostalgie pour les amours de jeunesse, et les plages méditerranéennes.