POP Montréal 2019 : Drahla et Slight
Ce vendredi soir, la nouvelle coqueluche du rock anglais Drahla offrait une prestation redoutablement efficace au Quai des Brumes à l’occasion de la troisième soirée du festival POP Montréal. Il faut dire que nos amis de l’autre côté de l’Atlantique nous avaient manqué.
L’ouverture du bal fut assurée par les locaux de Slight qui ont servi leur art pop psychédélique dans l’ambiance chaleureuse et conviviale du bar-concert devant un public parsemé, mais attentif. Auteurs d’un EP, The Hustle is a Many Splendoured Thing en 2017, le trio est composé d’un batteur, d’un guitariste-chanteur et d’un claviériste-bassiste arborant un enthousiasme contagieux. Leur spectacle d’environ trente-cinq minutes est bien calibré mélangeant une batterie puissante aux riffs de guitare dream pop flottant, le tout soutenu par une synth-basse au son excellent.
Drahla, les British qui ne font pas de concessions
Les organisateurs de POP Montréal avaient visé juste en invitant l’un des groupes les plus en vogue de l’île britannique. Luciel Brown, Rob Riggs et Mike Ainsley maîtrisent leur post-punk déstructuré à merveille et trouvent aisément leur place au sein du foyer anglais dont les figures de proue sont Shame ou encore Idles. Les trois lads livraient en mai dernier un premier album intitulé Useless Coordinates qui les plaçait déjà sur le radar de la scène indé européenne.
Arrivés sur scène aux alentours de vingt-trois heures trente, c’est avec une nonchalance totalement assumée que le trio en provenance de Leeds assène ses premières déflagrations sonores devant un public déjà bien plus compact. Les lignes de basses à l’allure punk s’entremêlent à des mélodies de guitares peuplées de stop-and-go installant de microsilences et rappelant inévitablement les génies de Sonic Youth. En parlant d’eux, le chant de Brown fait penser à la voix traînante de Kim Gordon, moins le côté écorché et chaque phrase est comme contrebalancée par un riff de gratte acéré et dissonant à souhait. Après quelques morceaux, je reconnais les premières notes de Form of Luxury et sa rythmique brutale. Il y a une véritable richesse mélodique chez Drahla où chaque élément est joué, réarrangé, transformé pour brouiller les codes et enfin atteindre une forme d’unité jouissive ne laissant tout bonnement aucun moment de répit.
On regrettera cependant des pauses un peu longues entre certains titres faisant perdre de la vitesse à ce set éclair. La présence scénique est quant à elle à l’image de la musique du trio : sans concessions. Brown et Riggs n’interviendront que quelques fois pour des remerciements discrets, mais honnêtement cela n’a pas d’importance tant les assauts sonores font du bien aux oreilles. D’ailleurs, on remarque que leur simple Stimulus for Living est encore plus venimeux en live qu’en version studio. Le combo basse-drum est ultra carré et maintient une tension constante et sombre que Brown saturera d’accords syncopés.
Les trois Anglais termineront leur spectacle avec Fictional Decision, petit bijou post-punk qui reste en tête encore plusieurs heures après. Chapeau bas pour Drahla, on en demande encore.