White Lung
Paradise
- Domino Records
- 2016
- 30 minutes
En 2014, la formation vancouvéroise White Lung faisait paraître l’excellent Deep Fantasy; un album à la réalisation lustrée, mais qui servait très bien la pop-punk rock explosive du groupe. Si Deep Fantasy était un feu d’artifice de punk rock intrépide, urgent et mélodique qu’en est-il du nouveau rejeton de la bande menée par la charismatique et extatique chanteuse Mish May?
D’entrée de jeu, on remarque une nouvelle fois la réalisation tonitruante imposée à ce Paradise. Ça sonne comme une tonne de briques, pas de doute là-dessus. Et on note maintenant des liens de filiation avec une formation comme The Joy Formidable. White Lung ajoute également à son arsenal sonore quelques claviers «gothiques» qui amplifient le son d’ensemble… qui est déjà pas mal massif! Ce qui différencie clairement ce nouvel opus de son prédécesseur est sans contredit la bonification mélodique des chansons du groupe. On sent un effort intensifié quant à l’avènement de mélodies fédératrices, sans que ce soit trop racoleur. Paradise est donc plus pop, plus posé, moins rageur, reléguant à l’arrière-plan le côté punk furieux qui satisfaisait votre humble scribe de service.
Néanmoins, ce qui frappe de plein fouet sur ce Paradise, c’est la répétitivité des chansons. La furie exprimée sur Deep Fantasy permettait aux chansons linéaires de ce disque de faire quand même leur chemin. On acceptait de plein gré l’itération chansonnière de White Lung. Cette fois-ci, puisque la colère punk est amenuisée, la faiblesse devient totalement évidente.
Qu’à cela ne tienne, le groupe est très astucieux afin de camoufler l’imperfection mentionnée précédemment. Aucun des albums de White Lung ne dépasse la barre des 30 minutes… pas le temps de se morfondre, comme on dit! En fin de compte? En fin de compte, ce Paradise tient solidement la route malgré la redondance rythmique entendue. Ceux qui apprécient le rock déflagrant mélodique et accessible trouveront chaussure à leurs pieds avec ce disque.
Quelques chansons font admirablement bien le travail. On pense à la mixture clavier/guitare saturée entendue dans Narcoleptic, l’accrocheuse Kiss Me When I Bleed, la chevauchée punk Sister, le rock carrée Hungry de même que la lourde Vegas. De bonnes pièces dynamiques qui passent la rampe… du moins pour cette fois!
Globalement, Paradise est un bon disque, mais lors de la prochaine excursion, il faudra que White Lung pousse sa créativité un cran plus haut, en modifiant grandement les rythmes, en jouant avec les dissonances… et probablement en revisitant intelligemment la furie punk qui caractérisait la musique du groupe dans un passé pas si lointain. Sinon, White Lung pourrait se retrouver rapidement en eaux troubles… mais ça fonctionne encore pour l’instant.
Ma note: 7/10
White Lung
Paradise
Domino Recording
29 minutes
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