Unknown Mortal Orchestra
Multi-Love
- Jagjaguwar Records
- 2015
- 42 minutes
Je vais l’avouer tout de suite: la pièce Multi-Love, des Néo-Zélandais Unknown Mortal Orchestra, est une des meilleures chansons à avoir vue le jour cette année. Et mon lecteur iTunes peut en témoigner autant: vingt-cinq écoutes depuis son apparition dans ma bibliothèque. Mixant de façon judicieuse le talent exceptionnel de mélodiste de Ruben Nielson, le leader, à une sitedemo.cauction actuelle, mélangeant funk, boîte à rythmes et sitar électrique, cette pièce est un petit chef-d’oeuvre. Nous voilà trois, presque quatre mois, après la parution de cette pièce et Multi-Love, l’album, leur troisième galette, nous est enfin dévoilé. L’attente en valait la peine. C’est un très grand bon créatif vers l’avant, considérant que II (2013) et I (2011), leurs deux précédentes parutions, étaient d’excellents disques qui naviguaient dans le «psy-pop lo-fi», avec des chansons bien tournées sans toutefois réussir à se démarquer de ses contemporains (Allô! Tame Impala).
Alors qu’auparavant reliées en second plan, les influences autres que psychédéliques et rock du groupe sont maintenant mises de l’avant, et d’une façon moins directe, plus subtile, oblique même. Donc, oui, ça sonne psy-pop, avec ce son très très chaud empreint de nostalgie, mais ça sonne aussi funk, soul, pop, acid jazz, comme tant d’anachronismes surprenants qui sont plus que les bienvenus. Tantôt c’est subtil, et tandis qu’ailleurs, pas vraiment. Le tout reste quand même extrêmement cohérent.
L’album s’ouvre avec la pièce titre, qui annonce un grand changement de cap pour UMO. On parle ici de la pièce la plus vulnérable du groupe et qui se rapproche le plus d’un hymne personnel et vibrant. Une pièce comme le deuxième extrait Cant’ Keep Checking My Phone, qui s’appuie sur une sublime ligne de basse funk et un beat disco, peut faire penser à un Caribou plus rock période Andorra. Plus loin, The World Is Crowded propose un blues à la Jimi Hendrix, soul et sexy, avec des paroles aux limites du «creepy». Like Acid Rain, comme l’indique le nom, est une virée optimiste à la Sly & The Family Stone sur l’acide des années 2000. Au-delà des influences et des mélodies, on remarque également les textes qui sont les plus personnels que Nielson ait partagés depuis le début d’UMO. Histoires d’amours multiples, anxiété reliée au fait d’être à deux, méchanceté déclarée envers l’être aimé, les sujets amoureux s’enchaînent et sont abordés avec une certaine lucidité. L’angle y est nouveau, c’est hyper personnel, un peu «druggy», mais vraiment fascinant.
En somme, Multi-Love est l’album de la consécration. Alors qu’auparavant, on pouvait se rappeler d’UMO pour les excellentes pièces Swim And Sleep (Like A Shark), FFunny FFrends et autres très chouettes Thought Ballune, on se souviendra dorénavant d’Unknown Mortal Orchestra pour Multi-Love, une géniale collection de chansons ambitieuses, réussies et diablement accrocheuses.
Ma note: 8,5/10
Unknown Mortal Orchestra
Multi-Love
Jagjaguwar
42 minutes
http://unknownmortalorchestra.com
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=bEtDVy55shI[/youtube]