Tombs
Savage Gold
- Relapse Records
- 2014
- 58 minutes
Il aura fallu trois ans et des poussières au groupe à géométrie variable du brooklynois Mike Hill pour composer et enregistrer la suite de l’acclamé Path Of Totality (à ne surtout pas confondre avec un album de Korn du même nom qui est loin d’être aussi intéressant). Pour Savage Gold, le trio est d’abord devenu un duo après le départ du bassiste Carson Daniel James. Ensuite, Ben Brand est venu le remplacer et un second guitariste, Garrett Bussanick s’est joint à l’orgie de riffs pesants alors que le batteur Andrew Hernandez II est demeuré fidèle à son poste.
«L’attente en a-t-elle valu la peine?» Vous entends-je vous demander impatiemment devant votre écran.
Rassurez-vous tout de suite, le résultat, réalisé par le vétéran Erik Rutan (aperçu chez Morbid Angel et Hate Eternal), est assurément le plus abouti, le plus sombre et le plus polyvalent des albums de cette joyeuse bande de poilus. Si le groupe se range lui-même dans la catégorie du métal expérimental, c’est que son travail est d’abord et avant tout une macédoine de styles plus fâchés les uns que les autres. Doom, death, black, stoner et même grind ont chacun leurs cinq minutes de gloire (ou à peu près) sur ce nouvel opus. On pense souvent à Isis, de par la nature répétitive des riffs que les musiciens s’amusent à nous visser dans le crâne. Il y a également un peu de Mastodon du côté des mélodies vocales et on entend même, à l’occasion, se pointer des motifs guitaristiques que n’aurait pas reniés Stef Carpenter de Deftones. D’ailleurs, on est presque étonné de ne pas entendre surgir la voix feutrée et plaintive de Chino Moreno sur Echoes tellement la guitare de l’intro nous rappelle celle du groupe de Sacramento.
Fort heureusement, les influences ne font pas du tout ombrage à l’originalité des compositions de Hill et sa bande. Les susmentionnés riffs répétitifs ne sont là que pour nous faire entrer dans une transe hypnotique qui ne fait qu’amplifier l’effet des changements tantôt mélodiques, tantôt brutaux qui nous sont infligés. L’effet de surprise est définitivement l’une de leurs forces majeures. Les morceaux prennent leur temps avant «d’atteindre leur temps» avant de se dévoiler. Ça respire pis c’est le fun. La pièce d’ouverture, Thanatos, s’ouvre sur un blastbeat ininterrompu avant de muter en groove doom menaçant. Plus loin, Seance a des petits airs de black metal, Deathripper se prend pour la pièce relax de milieu d’album avant d’exploser en death metal classique. Et il en va ainsi pour le reste de l’album. Le clou du spectacle est clairement le tandem Ashes/Legacy, de par sa portée dramatique et émotionnelle très intense.
Enfin, voilà un grand cru de la cuvée métal 2014 qui se laisse apprivoiser au fil des écoutes.
Ma note: 8,5/10
Tombs
Savage Gold
Relapse Records
58 Minutes
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