Critiques

Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra

Fuck Off Get Free We Pour Light On Everything

  • Constellation Records
  • 2014
  • 49 minutes
8
Le meilleur de lca

cst099cover_hiresRGBMême si Silver Mt. Zion existe depuis 1999 (sous diverses variations sur le même nom), il est encore trop souvent perçu comme un projet secondaire de membres de Godspeed You! Black Emperor. Il est grand temps que cette perception change, et si Fuck Off Get Free n’arrive pas à s’acquitter de cette tâche, je vois mal ce qui y arrivera.

Dans la constellation Godspeed, il y a eu une inversion des pôles au cours des dix dernières années. Godspeed est actif à nouveau après une longue pause, mais son album Allelujah! Don’t Bend! Ascend! en 2012 comprenait surtout du matériel dont les origines remontaient à au moins huit ans auparavant. Inversement, Silver Mt. Zion n’a jamais été longtemps inactif depuis sa formation, et déborde de créativité en amalgamant activement des styles aussi variés que le folk, la musique traditionnelle juive, le punk DIY et la musique néo-classique. Le projet aurait initialement pu être surnommé Godspeed Diète, mais Silver Mt. Zion n’est pas un grand collectif égalitaire comme sa grande soeur. Il est plutôt centré sur trois musiciens, Efrim Menuck, Sophie Trudeau et Thierry Amar, ce qui rend la formation automatiquement plus leste et manœuvrable d’une chanson à l’autre, même si moins grandiose dans son sitedemo.cauit final.

Fuck Off Get Free vient poursuivre là où Kollaps Tradixionales nous avait laissé en 2010, mais avec une proportion encore plus grande d’euphorie, de joie et de force de frappe. S’il fallait résumer Fuck Off Get Free en deux mots, “indignation” et “extase” feraient probablement l’affaire. Le ton est donné dès les premières secondes de l’album par un enregistrement d’un enfant qui nous explique que le groupe vit sur une île nommée Montréal et qu’il fait beaucoup de bruit, mais par amour. C’est une façon très succincte et éloquente de décrire le groupe, mais pas aussi éloquente que les passages musicaux les plus réussis de l’album. Soumettez-vous par exemple au bulldozer qui se trouve au centre de la longue Austerity Blues et vous saisirez exactement ce que l’enfant voulait dire par bruit et amour.

Même quand la troupe montréalaise exprime quelque chose de plus calme et de plus triste, comme dans What We Loved Was Not Enough, elle le fait sans retenue et avec une vigueur dramatique bouleversante. On peut accuser le groupe de parfois d’asséner ses émotions avec la subtilité d’un coup de massue, mais la pièce finale de l’album a quelque chose d’aérien qui remet la totalité de l’album en perspective. Composée en l’honneur du rappeur Capital Steez, qui s’est suicidé de façon spectaculaire la nuit de Noël 2012, la chanson est courte et diffuse, comme une chute vertigineuse imaginée au ralenti.

Ceux qui suivent Silver Mt. Zion depuis le début ont eu de nombreuses raisons de se réjouir au fil des années, et ces six chansons s’ajoutent à la liste. On en veut encore plus.

Ma note : 8/10

Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra
Fuck Off Get Free We Pour Light On Everything
Constellation Records
49 minutes

cstrecords.com/thee-silver-mt-zion/

[youtube]http://youtu.be/L3ht_q6ube0[/youtube]