Critiques

Sun Kil Moon

Universal Themes

  • Caldo Verde Records
  • 2015
  • 70 minutes
8
Le meilleur de lca

Sun Kil MoonL’année dernière, Mark Kozelek, alias Sun Kil Moon, avait été totalement auréolé par la critique avec Benji. L’homme revient aujourd’hui même avec Universal Themes. Ici, au Canal Auditif, les détracteurs sont aussi nombreux que ceux qui apprécient son travail. Certains le trouvent bavard et insupportable, d’autres admirent son courage et son intégrité. On fait partie du groupe qui est positif à son endroit, car on croit qu’il faut un certain culot pour exprimer autant de véridicité et d’hyperréalisme littéraire surtout dans cette époque de bric et de broc, pleine de bons sentiments et qui camouflent un mal-être irréfutable… Fidèle à son habitude, l’ex-Red House Painters se fait accompagner par l’ancien batteur de Sonic Youth, l’excellent Steve Shelley.

D’entrée de jeu, on est somme toute en territoire connu sur ce Universal Themes, Kozelek proposant un foisonnant polaroïd de la dernière année passée en tournée… et à déblatérer contre la formation The War On Drugs! Notre homme aborde anarchiquement, à la mesure de sa bouillonnante imagination, des faits divers aussi élémentaires (et pour certains insignifiants) qu’un chat jouant dans un jardin (Garden Of Lavender) y allant périodiquement de séances de «name-dropping » d’artistes connus d’un public connaisseur.

Bref, si on écoute les chansons de Kozelek superficiellement, on peut passer totalement à côté du message principal: le mal de vivre de l’auteur dans ce monde futile et souvent cruel. L’homme est clairement dans une quête frénétique de vérité. Sur ce point, on partage la vision du songwriter, même si la forme est fréquemment touffue et malhabile. Là où se différencie Universal Themes de son prédécesseur, c’est au niveau musical alors que Sun Kil Moon brouille les pistes, modifiant subitement en cours de route les rythmes et les atmosphères de ses pièces. Contrairement à Benji, nous ne sommes pas toujours en zone folk, Kozelek brassant la baraque à une occasion grâce à la salopée With A Sort Of Grace I Walked To The Bathroom To Cry. Un bon rock alterno grinçant/angoissant comme on l’aime! On entend même des relents de Sonic Youth sur Ali/Spinks 2!

Est-ce que ceux qui ont découvert Sun Kil Moon avec le prédécesseur seront en mesure d’apprécier autant cette nouvelle offrande? Rien n’est moins sûr, car l’artiste s’est franchement distancié des structures plus linéaires du précédent effort. Même si l’émotion pure n’est pas toujours au rendez-vous, on a franchement affectionné ce disque pour tous ces petits changements subtils saupoudrés tout au long de l’album. Ce désir de démarcation, conjugué avec l’interprétation juste et sentie de Kozelek, fait de cette conception sonore un incontournable de 2015. Facile, à part de ça!

Ceux qui détestaient souverainement Sun Kil Moon continueront à l’exécrer sans ménagement. Ceux qui avaient placé sur un piédestal l’auteur-compositeur-interprète ne changeront pas d’idée. Ceux qui l’ont découvert avec Benji pourraient être quelque peu désarçonnés par ce Universal Themes. En ce qui nous concerne, voilà un grand faiseur de chanson qui ne laisse personne indifférent, qui fait les choses à sa manière, et ce, sans aucun compromis et qui présente une musique sincère et intemporelle. Supérieur à Benji? Oui, c’est un cran supérieur à Benji!

Ma note: 8/10

Sun Kil Moon
Universal Themes
Caldo Verde
70 minutes

http://www.sunkilmoon.com/bio.html

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