Critiques

Sumac

The deal

  • SIGE
  • 2015
  • 54 minutes
4,5

Sumac - The DealSumac, c’est le nouveau groupe d’Aaron Turner, vous savez, le gars que je «name drop» dans toutes mes chroniques? Il est l’ancien leader d’Isis, guitariste au sein d’Old Man Gloom, Mamiffer, Split Cranium et autres projets ponctuels comme House Of Low Culture. Pour ce nouveau projet, il est entouré de Nick Yacyshyn aux tambours et Brian Cook à la basse, tous deux officiant respectivement dans Baptists et Russian Circles.

La formule de ce premier gravé, The Deal, c’est en gros une exploration en trio de ce que fait Turner avec Old Man Gloom. Bien sûr les sonorités ne sont pas tout à fait identiques, mais on retrace sans ambages la démarche de Turner, celle-là même qu’il a commencé à explorer avant la fin d’Isis avec OMG. Une approche où noise et sludge se côtoient de manière, avouons-le, assez hétérogène, dans le but de créer un mur de sons global, mais composé de registres antagoniques.

Cette recette a été celle des débuts de OMG – c’est important de le souligner – car depuis No (2012), le groupe a amorcé une savante synthèse de ces deux pôles de leur spectre de création. Cette synthèse, Sumac l’a fait sauter en dissociant à nouveau noise et sludge.

Mais revoyons The Deal en commençant par ce qui colle. Cette sonorité des guitares de Turner, empruntée chez Pelican notamment, est intéressante. On y sent un grain, comme un gros papier sablé rugueux, du 40 genre. On l’entend bien sur le premier tiers de Hollow King. Autre ajout de taille à la proposition de Sumac: les prouesses de Yacyshyn à la batterie. Outre le projet punk Split Cranium, jamais n’avait-on entendu Turner s’exécuter sur une ligne de percussions de ce type. Des «blast beats», comme sur la pièce titre, de la pesanteur, mais aussi beaucoup de passes complexes et d’autres, d’inspiration thrash.

Ce qui ne colle pas? Ces pièces interminables, vague succession d’assauts sludge et d’abus d’effets larsen et de noise déplaisant. Je prends encore Hollow King en exemple: ses douze minutes de temps de lecture auraient pu être divisées en trois ou quatre morceaux plus succincts, plus cohérents surtout. Et c’est ça le plus grand défaut de cet album. On ne parvient pas à comprendre où s’en vont Turner et sa bande avec de disque. Et on arrive au fil d’arrivée et on ne sait pas trop ce qui s’est passé dans nos oreilles, en plus de constater que sur les six titres, deux ne sont composés que de bruits.

Hormis cette impression de s’être fait rouleau-compresser, impossible de se souvenir d’une pièce marquante. Il y a certes des riffs costauds qui sont mémorables, comme celui de Blight’s End Angel et de Thorn In The Lion’s Paw, mais ceux-ci sont noyés par une sitedemo.cauction au plancher et de trop nombreux segments noise qui sonnent plus comme des fins d’shows que comme de l’«expérimentation» à proprement parler.

Bref, je me questionne sur les raisons de cette parution, quatre mois à peine après la sortie de The Ape Of God, monument sludge décliné en deux disques de Old Man Gloom. Turner avait-il du matériel à écouler? Où tente-t-il d’assurer un roulement à sa nouvelle étiquette, SIGE? Le gars est trop intègre pour conclure de l’une ou l’autre de ces hypothèses, mais une chose est sûre, Sumac a le sceau de qualité du créateur. Mais c’est au final juste inintéressant.

Pour initiés donc? Je serais porté à dire: même pas.

Ma note: 4,5/10

Sumac
The Deal
SIGE
54 minutes

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