Quand il n’est pas occupé à recruter de nouveaux talents pour son label Bella Union, l’ancien membre de Cocteau Twins, Simon Raymonde, aime bien se coltiner une fois de temps à autre avec d’autres créateurs de sa trempe. En 2010, il faisait la rencontre de la chanteuse Stephanie Dosen (qui a déjà poussé la note en concert avec Massive Attack et collaboré avec les Chemical Brothers) et c’est ainsi qu’a vu le jour le duo Snowbird. Alliant un folk vacillant à des vocalises éthérées, évoquant souvent la comparse de Raymonde chez Cocteau Twins, Elizabeth Fraser, le tandem faisait paraître récemment Moon.

Au cours des trente dernières années, Raymonde s’est bâti un réseau de contacts assez impressionnant qui lui a permis d’obtenir la participation de pointures telles que Phil Selway et Ed O’Brien de Radiohead, Eric Pulido et MacKenzie Smith de la formation Midlake ainsi que le doué Jonathan Wilson, à l’enregistrement de ce Moon. Ce disque se situe dans un registre sonore que l’on pourrait associer à une sorte de dream pop mature, amalgamé à un folk délicat et chancelant venant subtilement soutenir la voix aérienne de Dosen.

Une sitedemo.cauction absolument mélancolique et duveteuse qui plaira assurément aux mélomanes friands de ritournelles à classer dans la catégorie adulte contemporain. Le principal attribut de cet opus? Incontestablement, ce sont les mélodies vocales superposées et les harmonies divines conçues par Dosen qui confèrent une certaine originalité à quelques chansons de cet opus. On n’a qu’à écouter I Heard The Owl Call My Name, Amelia et Heart Of The Woods pour se convaincre de l’efficacité du procédé.

En contrepartie, on aurait souhaité une musique plus aventureuse contenant beaucoup plus de moments musicaux impétueux et décisifs. Cette création est musicalement linéaire et comporte un trop grand nombre de ballades pianistiques en fin de parcours. Après la prenante Porcelain, Snowbird aligne successivement trois morceaux sentimentaux qui ont plongé l’auteur de ses lignes dans un état léthargique profond: Come To The Woods, We Carry White Mice et In Lovely. Pas nécessairement imbuvables, ces pièces auraient assurément profité d’une meilleure appréciation, si elles avaient été mieux positionnées… d’où l’importance de bien réfléchir à l’ordre des chansons sur une conception sonore. De plus, malgré le nombre d’invités de marque participant à ce Moon, on ne peut pas dire que ces bonzes musicaux aient un quelconque ascendant sonore sur ces chansons.

Qu’à cela ne tienne, Moon sera apprécié par le mélomane mature à la recherche de sonorités apaisantes, mélancoliques et éthérées. Ici, ce qui est offert par le duo Raymonde/Dosen n’est pas nécessairement inintéressant, mais ce disque n’a pas provoqué chez votre humble et dévoué critique des soubresauts émotifs gigantesques… à l’image du penchant rectiligne de cet album. C’est quand même une lunaison convenable!

Ma note : 6/10

Snowbird
Moon
Bella Union
43 minutes

bellaunion.com/artists/snowbird/

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=CD4udA5C70c[/youtube]