Critiques

SISU

Blood Tears

  • Mono Prism
  • 2013
  • 42 minutes
8
Le meilleur de lca

Recommended-Album-Review-SISU-Blood-TearsSISU dévoilait le 4 novembre dernier Blood Tears, son premier album après la parution de deux maxis. Projet de la batteuse des Dum Dum Girls, SISU nous amène en territoire vaporeux, dreamy, et à forte consonance de shoegaze, typique west-coast, vous savez, avec une basse lourde et un certain twang dans la guitare? Bref, amateurs d’Autolux, vous raffolerez de cet album aux 50 nuances de gris.

Blood Tears est un album sentimental fantomatique, mais néanmoins rythmé et mélodique. Son architecte, Sandra Vu, y mélange avec soin, sans les édulcorer, mais sans nom plus en abuser, des influences diverses allant du post-punk au dream pop et aux courants plus épiques/noise, gracieuseté de My Bloody Valentine.

Sandra Vu nous transporte sur les douze titres de Blood Tears dans des méandres plus ou moins électroniques, évoquant, non sans proximité sonique et sensualité, le souvenir de relations passées. Résultat: un disque intense, épidermique, tantôt carrément cochon, tantôt prude, mais néanmoins tactile.

Counting Stars, Sharp Teeth, Cut Me Off et Sinking Feeling sont probablement les meilleurs moments de ce gravé brumeux. Ils sont probablement les morceaux où la structure couplets/refrains est la plus définie, ce qui n’est peut-être pas une coïncidence. Car oui, par moments, on est brouillé par l’éther de Vu, mais bon, de toute façon le shoegaze n’a jamais été le style le plus structuré einh?!

Ajoutons que malgré une sitedemo.cauction étoffée, une ligne rythmique pesante et un mur de textures synthétiques, on sent par moment que la proximité de Vu – avec sa voix overdubbée en plusieurs couches envoûtantes – n’est que factice. Pas qu’elle ne possède pas une grande voix la multi-instrumentiste, mais il semblerait qu’elle ait trouvé comment en exploiter tout le potentiel suave dans une postsitedemo.cauction soignée.

C’est d’ailleurs peut-être un peu là que le bât blesse. Parce que malgré une première écoute toute en sensualité, on remarque rapidement que celle-ci est simulée sur Blood Tears par une démarche non seulement réfléchie, mais hyper-intellectualisée. Ce n’est pas un défaut en soi, mais ça réduit chaque frisson, chaque soubresaut ou chaque respiration haletante à un choix esthétique délibéré. Coït interrompu auditif.

Mais franchement, qu’une artiste somme toute établie comme Sandra Vu décide de se lancer en solo dans une aventure musicale et qu’elle choisit, en plus, d’en être la seule commandante, on comprend que l’intellect réprime au passage l’épiderme et le spontané. De toute façon, au final, on est ici en présence d’un solide album.

Bref, SISU a fait paraître son premier album au moment même où les journées se font courtes et où le soleil et les couleurs d’automne laissent leur place à la grisaille, à la froidure et à la brume de novembre. C’est peut-être qu’une question de timing, mais ce disque a sa place dans un top de fin d’année, et ça n’a rien à voir avec le rouge à lèvres de Vu.

Ma note: 8/10

SISU
Blood Tears
Mono Prism
42 minutes

music.sisuband.com/album/blood-tears

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=495iGnu0hHc[/youtube]

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