Critiques

Prurient

Frozen Niagara Falls

  • Profound Lore Records
  • 2015
  • 91 minutes
9
Le meilleur de lca

PrurientDominick Fernow sévit sur la scène noise américaine depuis la fin des années quatre-vingt dix sous plusieurs pseudonymes, principalement sous le nom de Prurient. Sa grande sitedemo.cauctivité et la nature rébarbative de son oeuvre sont typiques du genre: depuis 1998, sous le nom de Prurient seulement, il aurait lancé pas moins de 55 albums et 34 mini-albums sous divers formats. Ajoutez à ça ses nombreuses autres identités et collaborations et vous vous retrouvez avec plus de bruit agressif et de «power electronics» que le mélomane moyen a le temps d’écouter en une vie entière.

Si Prurient est devenu plus qu’un représentant parmi d’autres d’une sous-culture difficile d’approche, c’est grâce à la variété et à la sensibilité grandissantes dans sa musique depuis quelques années. Sous le pseudonyme Vatican Shadow, notamment, il offre son interprétation très sombre de la musique électronique dansante, toujours accompagnée de titres et d’images évoquant la guerre et la religion. Un peu comme une transposition aux planchers de danse des thèmes qu’on associe habituellement à Slayer.

Ces explorations technos et l’approche de plus en plus ouverte démontrée par Prurient depuis quatre ou cinq ans nous amènent à Frozen Niagara Falls, un projet que Fernow caresse depuis quelques années et qui aurait à ses dires largement dépassé le concept de départ. L’élan qui anime l’album est indéniable et irrépressible, poussant la musique de Prurient vers quelque chose de grandiose, s’étirant sur plus d’une heure et demie et passant par une vaste gamme de textures tout en maintenant un ton angoissé et émotif du début à la fin.

Le passé industriel de Fernow et son affinité pour toutes les musiques agressives sont évidents dans certains passages, notamment dans les deux pièces-titres et dans Traditional Snowfall, mais l’utilisation de guitares sèches, de pianos et de voix humaines, souvent hurlées, parfois parlées, apporte des tons plus naturels et humains à l’ensemble. C’est un contrepoids intéressant et nécessaire aux vagues de statique et aux assauts électroniques qui déferlent ailleurs.

Même dans des passages les plus difformes et bruyants, Fernow place judicieusement des samples qui semblent extraits de l’enfance, des mélodies au piano rappelant des berceuses, et des réverbérations feutrées. Un drôle d’effet de nostalgie, de mélancolie et d’innocence vient se combiner à la panique et à la confusion que Prurient a toujours exprimées à la perfection.

On imagine facilement que quelqu’un puisse éprouver un malaise très vif à l’écoute de cet album, mais les amateurs de noise disposés à explorer la laideur pour y déceler de la beauté y trouveront de quoi s’occuper longuement.

Ma note: 9/10

Prurient
Frozen Niagara Falls
Profound Lore Records
91 minutes

http://en.wikipedia.org/wiki/Prurient

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