Paul Weller
Saturn’s Pattern
- Warner Bros. Records
- 2015
- 41 minutes
Si vous le voulez bien, on va prendre un moment afin de présenter convenablement l’artiste en vedette dans cette critique: Paul Weller. Meneur d’un des groupes phares de la britpop, The Jam, et d’une autre formation pop/funk/jazz nommée The Style Council, l’homme est surnommé le «Modfather» en Grande-Bretagne, car il est celui qui a réintégré l’esthétique «mod» issue des années 60 (popularisée par les Who) dans le punk rock des années 70. Plusieurs créateurs musicaux ont cité régulièrement Weller comme ascendant majeur de leur musique. On pense à Oasis, Blur et Arctic Monkeys, pour ne nommer que ceux-là.
Depuis 2008, avec l’avènement de l’album 22 Dreams, on assiste à une certaine renaissance artistique de la part de Paul Weller… et avec son douzième album studio intitulé Saturn’s Pattern, le maître du pop-rock poursuit sur sa lancée. À 57 ans bien sonnés, le bonhomme fait encore le travail et n’est absolument pas déphasé, incorporant des éléments rythmiques électroniques à son rock aussi inventif qu’accessible. Bref, un maudit bon disque qui redonne au genre ses lettres de noblesse, car trop souvent, on écoute de fort mauvaises parutions pop-rock!
Aucun danger de faute de goût avec Weller qui propose toujours des chansons finement ciselées et rassembleuses, magnifiquement réalisées et qui allient pop, funk, punk et psychédélisme. C’est éclectique, mais les compositions du musicien possèdent tellement de personnalité que cette diversité demeure totalement cohérente. Un exploit en ce qui nous concerne, car il est si facile pour un artiste de perdre le fil de sa création en s’éparpillant dans de nombreux genres musicaux.
Il n’y a rien vraiment de nouveau sur ce Saturn’s Pattern, mais Weller présente le meilleur profil de lui-même. On pense à l’abrasif White Sky qui peut paraître ampoulé aux premières auditions, mais qui au fil des écoutes fait son chemin dans notre cortex cérébral. On fait également référence au fielleux Long Time, à l’influence Primal Scream entendue sur Pick It Up, aux émanations rock psychédélique à la Traffic évoquées sur Pheonix, ainsi qu’au blues rock In The Car qui, joué par un autre instrumentiste que Weller, aurait pu sonner totalement ringard. Ça passe aisément la rampe. Ce disque se termine calmement avec un rock un peu «middle of the road», un peu narcotique: These City Streets. Bonne ritournelle qui ralentit la cadence à merveille!
Évidemment, l’Anglais est un vétéran rocker et quelques réflexes «pépérisants» apparaissent à certains moments sur ce Saturn’s Pattern, mais rien qui diminue la qualité de l’effort de Paul Weller. Trop méconnue en Amérique comparativement à l’aura qu’il détient en Europe, l’icône du pop-rock est vraiment un grand manitou en son genre. Bref, il est plus qu’à la hauteur et tout aficionado de rock aussi intelligible qu’innovant saura reconnaître l’immense talent de l’homme. Paul Weller ne démontre aucun signe de ralentissement.
Ma note: 7,5/10
Paul Weller
Saturn’s Pattern
Warner Brothers
41 minutes
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