Critiques

Passion Pit

Kindred

  • Sony Music
  • 2015
  • 36 minutes
3

Passion PitPassion Pit, c’est carrément le troublé Michael Angelakos qui mène la barque et qui avait fait paraître le populaire Gossamer en 2012; une création qui voyait le rayonnement de la formation prendre de l’ampleur. La semaine dernière, Angelakos y allait d’un troisième effort titré Kindred. D’entrée de jeu, on tient à préciser que ce que présente Passion Pit ne fait pas nécessairement partie des friandises que l’on préfère… un peu trop sucrées, pas assez épicées.

Si on avait donné une petite accolade à Gossamer, on se sent incapable d’être touché par ce Kindred tant que ce qui est proposé est dégoulinant de synthétiseurs de mauvais goût et de mélodies efféminées (traitez-nous de macho/vieux jeu, on s’en fout!), le tout bien enraciné dans les imbuvables années pop 80. Ce disque est lumineux, mais tellement lumineux que l’on perd totalement ce qui faisait la force de Passion Pit: ce petit penchant pour la mélancolie et le déséquilibre émotif. Pas de ça sur Kindred, malheureusement.

Les refrains choraux sont gonflés à l’hélium, les atmosphères synthétiques sont tellement en toc qu’on a l’impression d’entendre le thème d’un jeu-questionnaire populaire des années 80 titré Le Québec à la carte (une émission animée par Claude Boulard ou Jacques Auger… OK, laissez-faire!), Angelakos chante constamment comme un Chipmunk sur le LSD et la réalisation est d’une boursouflure gênante! Bref, ça sonne comme un groupe signé sur une gigantesque maison de disques visant un tout aussi gigantesque public. Le pire? C’est que les m’as-tu-vu faussement «indie» vont gober tout ça avec le sourire aux lèvres. Misère!

Avez-vous envie que l’on fasse un tour d’horizon de cette platitude nommée Kindred? Puisqu’il y a un bon 400 mots à combler, on se dit pourquoi pas? Donc, parmi les chansons qui nous ont donné envie d’aller bouder au parc Lafontaine (c’est très près de chez nous) avec six Rolling Rock en dessous du bras, on a particulièrement proscrit de notre bibliothèque musicale le succès programmé qu’est Lifted Up, le soft rock pépère Where The Sky Hangs, le thème de quiz que l’on vous mentionnait auparavant Five Foot Ten (I), la faussement émotive Dancing On The Grave, le refrain survitaminé d’Until We Can’t (Let’s Go) ainsi que l’insupportable voix d’Angelakos «auto-tunée» sur Ten Feet Tall (II). Un disque beaucoup trop «synth» et beaucoup trop «pop»…

Cette année, on a somme toute toléré l’album de Twin Shadow qui, malgré l’abondance démesurée de pathos, a su écrire de bonnes chansons pop réalisées sobrement. Ici, on assiste à une déferlante de sonorités factices qui évacue la charge émotive qu’aurait pu obtenir ce disque. On est dans un positivisme musical de pacotille qui, en ce qui nous concerne, nous fait suer plus qu’autre chose… Finalement, il faudrait en revenir de ces satanées années 80. C’est beau, on a fait le tour! Les fans de Passion Pit, on vous laisse avec grand plaisir vous amuser avec votre groupe. On préfère bouder au parc Lafontaine!

Ma note: 3/10

Passion Pit
Kindred
Sony Music
36 minutes

http://www.kindredthealbum.com

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