Concerts

Osheaga 2014 Jour 3

 

Après l’irremplaçable soirée de samedi, votre humble scribe était passablement repu (et un peu fatigué) et il entamait la troisième et dernière journée du Festival arts et musique Osheaga avec calme et sérénité. J’ai mis les pieds au parc Jean-Drapeau en début d’après-midi afin d’assister aux performances des Canadiens Hey Rosetta! ainsi que des Britanniques Bombay Bicycle Club et The Kooks. Dans les trois cas, malheureusement, je suis demeuré passablement de marbre.

En ce qui concerne Hey Rosetta!, malgré quelques incursions réussies en territoire synthétique, la pop orchestrale à la Arcade Fire proposée par la formation donnait des signes d’essoufflement; un peu désuet, si vous voulez mon avis. Du côté de Bombay Bicycle Club, j’aime bien quand ces proprets musiciens salissent leurs chansons de guitares un peu plus décapantes, mais les moments abrasifs sont survenus sporadiquement lors de leur prestation; une formation un peu trop conservatrice à mon goût. Quant à The Kooks, je fus tellement tonifié par ces insipides chansons que je me suis mis à fredonner accidentellement à voix haute du Michel Rivard… À vrai dire, ce dimanche n’augurait vraiment rien de bon.

Jusqu’à ce que Portugal.The Man surgit et offre une exhibition tout à fait à la hauteur. Another Brick In The Wall de Pink Floyd en intro, une panoplie de morceaux tirés de l’excellent Evil Friends paru l’an dernier et réalisé par Danger Mouse, une énergique Hip Hop Kids, un petit bout de Don’t Look Back In Anger d’Oasis et la foule (ainsi que votre vieux grincheux) était conquise. Voilà du pop-rock exécuté avec générosité dispensant une certaine ferveur. Sans être transcendant, Portugal.The Man a fait le travail adéquatement.

Ensuite, je me suis rendu voir de quoi avait l’air Temples à la scène des Arbres. Plus lourd et moins narcotique que ce qui a été colligé sur le fort prisé Sun Structures, les jeunots sont des instrumentistes fort compétents qui pourraient faire compétition sous peu à leurs semblables Australiens Tame Impala; de meilleures compositions et Temples pourrait devenir fort intéressant.

Faute de temps, j’ai dû grignoter en vitesse et ainsi manquer le duo noise/punk/garage Royal Blood afin d’attraper le retour des vétérans (quasi inventeurs des «college radios» américains) The Replacements à la scène de la Rivière. Une belle surprise attendait les festivaliers alors que Billie Joe Armstrong de Green Day accompagnait la vieille bande de salopards menée par Paul Westerberg. Les Replacements font partie de ces groupes qui peuvent y aller autant de performances jubilatoires que de bouffonneries insolentes. Plus ou moins bien préparées, les vieilles moppes semblaient un peu perdues sur cette grande scène. J’étais quand même ravi d’entendre I’ll Be You et Bastards Of Young. Inégal.

En route vers Jagwar Mar prévu à la scène des Arbres, j’ai effectué un court arrêt au puits afin d’aller m’immerger sommairement du gypsy punk dynamique et contagieux de Gogol Bordello. On peut ne pas apprécier le genre musical proposé, mais force est d’admettre que la caravane menée par Eugene Hütz est un incontournable en concert; mais revenons aux narcotiques et cadencés Jagwar Ma. Le trio, utilisant astucieusement une lutherie électro, une basse, une guitare et une voix noyée dans la réverbération, est venu convaincre incontestablement l’auteur de ces lignes. Ce psychédélisme dansant incorporé aux efficaces ascendants Madchester (Happy Mondays, Stone Roses, 808 State, etc.) prend une ampleur suprême en format live. Malgré le manque de sommeil, je battais le rythme avec enthousiasme et j’en aurais pris plein la gueule pour de nombreuses minutes supplémentaires. Totalement conquis!

J’ai terminé cette neuvième édition avec la pop noire/mélancolique de Lykke Li, ayant goûté deux fois plutôt qu’une au rock d’Arctic Monkeys lors d’éditions antérieures. Si le nouveau-né de la Suédoise titrée I Never Learn m’a férocement déçu, je ne peux que m’incliner devant l’excellent tour de piste offert par la chanteuse. Sur cette scène opaque et enfumée démesurément, Lykke Li jouait son rôle de grande prêtresse spleenétique à la perfection détenant un ascendant particulier qui m’a contre toute attente subjugué. En dépit du corpus chansonnier élégiaque de l’auteure-compositrice-interprète, l’énergie était curieusement au rendez-vous. Superbe Rich Kid Blues!

C’est ce qui a conclut cette très bonne édition du festival Osheaga, qui fêtera son dixième anniversaire l’an prochain et je m’attends à ce que cet évènement musical passe ultimement aux ligues majeures. Ce n’est pas parfait, tant s’en faut, mais on devrait se réjouir de pouvoir vivre un week-end musical de ce calibre à Montréal; une ville qui a cruellement besoin de se refaire une santé par les temps qui courent!

Je vous laisse avec mes coups de cœur, mes mentions honorables et mes coups de gueule musicaux de la fin de semaine. Au tour de Heavy Montréal maintenant!

Coups de cœur

Nick Cave & The Bad Seeds, Jack White, Courtney Barnett, Jagwar Ma, Von Pariahs, Against Me!

Mentions honorables

Jimmy Hunt, Four Tet, Jon Hopkins, Temples, Gogol Bordello, Lykke Li.

Coups de gueule

Mac DeMarco, The Kooks, The Men.

www.osheaga.com/fr/
 

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